Film: Cold Pursuit - Sang Froid

Frederico () a dit:
Comédie noire pas drôle et mal écrite. Je pense que même Laurent, président du fan-club de Liam Neeson, n'y trouvera pas son compte car c'est léger sur l'action (après on a quand même un peu de Neeson en blue-collar / salt of the earth qui conduit un chasse-neige).

Je ne suis pas contre l'idée de faire de l'humour politiquement incorrecte, mais pour le faire il faut d'abord prouver qu'on n'est pas juste stupide et vulgaire. Le film peine à le prouver et, cette caution manquant, on grince des dents plus qu'autre chose. Après, quand les gangsters de la tribu indienne des Ute débarquent au palace et que le dialogue c'est:

- We would like some rooms.
- I am sorry, but you need a reservation.
- We what?
- You need a reservation... oh... I mean...

J'avoue que ça m'arrache un sourire (un des deux ou trois du film....).

C'est un remake d'un film norvégien par le même réalisateur mais un autre scénariste. Peut-être que l'original est meilleur?


Laurent () a dit:
Oui c’est un mauvais film. Enfin, je sais pas. Je reformule : un genre de film que je déteste. En soi, j’ai l’impression que c’est même assez réussi, avec d’excellents comédiens (à part le Dieu Liam, il y a tout de même Laura Dern en épouse dépressive, deux transfuges de The Wire, etc.)

Le problème c’est qu’on ne m’avait pas prévenu : après une remarquable série de films très premier degré, quelques-uns assez sombres, pas toujours réussis certes, mais immanquablement respectueux de sa persona et du sérieux de l’univers où elle évolue, Liam Neeson a donc choisi de terminer sa carrière dans le film d’action dans une… tarantinade, et qui plus est, parmi les plus codifiées qui soit : je veux parler de ce type de production méprisable qui, loin de défendre le cinéma « de genre » dans lequel il s’inscrit soi-disant, vise avant tout à construire un rapport de connivence avec un public se réjouissant d’assister, avec un joyeux sadisme, aux gesticulations pathétiques de personnages pantins. Nous avons ici un modèle du genre, puisque chaque mort est souligné par un carton prenant la forme d’une fiche-personnage…

Si l’entame est plutôt correcte, la progressive révélation de cet ancrage dans la tarantinade m a fait l’effet d’une douche glacée : je comprends alors que je suis coincé dans cette salle, que je ne suis pas le spectateur visé – les constants éclats de rire autour de moi ne faisant que renforcer cette impression. Terrible tromperie sur la marchandise (quoique l’affiche débile du genre « le meilleur film où Liam Neeson tue tout le monde » aurait dû me donner la puce à l’oreille).

Autre problème : l’effet série. Au caractère stéréotypé des personnages s’ajoute leur démultiplication. Digressions infinies en pistes parallèles (les amoureux de la narration éclatée apprécieront peut-être) où l’on oublie malheureusement, peu à peu, le héros… bandes mafieuses, avec sous-histoires de couple, etc. Pourquoi pas, dans l’absolu, mais pas dans un Liam Neeson Movie!!!!!!!

Tout cela est plutôt dynamique, bien interprété (à part l’atroce villain, une vraie tête à claques), mais sempiternellement sans âme.

Restent quelques gags (à ceux relevés par Fred, j’ajoute deux moments étonnants, à la morgue et lorsque les gangsters indiens embarquent dans un camion : jeu à chaque fois sur l’extrême lenteur d’un processus mécanique avec un fort bruit de grincement et où les personnages sont soudainement ramenés à leur vacuité).
Sinon, en effet, surnage (surneige?) l’image jouissive de ce Liam Neeson au look très « gilet jaune », fonçant sur les routes enneigées au volant de son gigantesque brise-glace… so long my hero.


Charles-Antoine () a dit:
Vous avez tout à fait raison, pas de quoi s'enthousiasmer réellement, mais, comme j'étais prévenu, j'ai été plutôt agréablement surpris par "l'originalité" du film (le contexte du Colorado neigeux, les décors, l'arborescence de personnages, les stratégies comiques, certains cadrages, etc.). Par contre, ce qui m'a frappé, c'est le décalage créé par le respect de la persona de Nesson justement (aucune ironie chez lui (il est très rarement le ressort du "comique"), dans un contexte (ironique/méta) qui lui sied a priori pas. Et pourtant, cela ne marche pas trop mal.