Film: L'Intervention

Laurent () a dit:
Le parangon du film qui peine à mettre en valeur ses atouts et souffre d'une certaine négligence, voire auto-complaisance sur des aspects qu'il faudrait gommer ou encore parfaire.

Ainsi faut-il d'abord saluer l'idée de consacrer un film aux débuts du GIGN en montrant une opération à Djibouti en 1976, autour d'un bus scolaire pris en otage par des militants politiques indépendantistes. Sujet plutôt original, surtout en France. La perspective est exactement contraire au formidable "Entembe" sorti l'an passé, puisqu'on adopte un point de vue idéologique assez carré, la représentation des terroristes ne laissant presque aucune chance à l'Autre en rébellion. On montre par contre, conformément à une tradition US dont peut fort bien s'accommoder l'esprit franchouillard, l'attitude contestataire des hommes de terrain en porte-à-faux avec leurs chefs et prêts à désobéir pour sauver les otages. Ce populisme ne me pose pas de problème en soi, car il fait visiblement écho à des personnages issus du "cinéma de genre" euro-trash des années 1970, avec sa bande de types mal rasés aux cheveux longs qui rappellent les protagonistes de tant de polars et de films d'action italiens de l'époque (la musique y fait quelquefois allusion, tout comme quelques séquences en split screen).

Principal problème: le film souffre longtemps du jeu approximatif de la plupart des comédiens, qui ne sont pas aidés par des dialogues souvent épouvantables (volonté de construire des seconds rôles sympathiques, mais toute l'entreprise tombe à plat, sonne faux…)

On est donc parti sur des bases assez faibles, pour ne pas dire navrantes, justifiant presque la sortie de salle quand, peu à peu, le film entre véritablement dans le vif de son sujet, celui qui justifie le travail visuel comme l'intérêt narratif, et qui repose sur le premier "tir simultané" réalisé par une équipe d'intervention française. A partir de là, via l'étirement de la temporalité, le jeu sur l'espace (un no man's land entre deux frontières), les communications par radio et jumelles, le choix des angles de prise de vue, le suspense s'installe de façon classieuse et convaincante. Tout comme, d'ailleurs, le gunfight anthologique qui lui succède… et une conclusion qui parvient à être assez "morale" (même si elle ne remet évidemment pas en question le postulat de droite).

Dernier élément à noter, et pas des moindres : Olga Kurylenko joue la maîtresse d'école se joignant volontairement aux otages. De plus en plus présente en France (pays dont elle possède la nationalité), après le film de brume avec Duris ou l'Empereur de Paris. Fun fact : elle prend l'accent anglais pour parler le français (son personnage est une Américaine), ce qui n'est pas le cas dans ses autres rôles…