Funky funky fuuuunky!!!! La première fois que je vois plutôt bien transposés au cinéma les fantasmes punk-funk d'une certaine avant-garde africaine-américaine des années 1970-1980 fascinée par le consumérisme caractéristique de la culture de masse (dont on reprend les motifs, entre comique et SF, tout en pointant combien elle renvoie au fond à l'aliénation généralisée de la société industrielle – par exemple les comics qui ornent les pochettes des albums de Parliament, Funkadelic et George Clinton…) Même si le film nous rappelle beaucoup tout un filon du cinéma américain contemporain "post-moderne" (Gregg Araki vient immédiatement à l'esprit, et c'est probablement à cette veine qu'a voulu – et a échoué à – se rattacher, l'an passé, le pénible Under the Silver Lake), le délire organisé par le rappeur "engagé" Boots Riley fonctionne plutôt bien, malgré les petites baisses de régime typiques de ce genre d'entreprise, fondée sur un univers allégorique. On rit souvent, beaucoup, et la pertinence de la critique n'en est que mieux servie (l'idée hilarante de la "voix blanche", extraordinaire!) |
Je n'ai pas vu le film, donc je ne sais pas à quelle point l’implémentation est originale, mais l'emploi de la "white voice" comme élément de comédie est quelque chose de très classique dans la comédie noire-américaine. La première chose qui m'est venue à l’esprit c'est des sketchs de Dave Chappelle et un épisode de la dernière saison en date de Curb Your Enthusiasm mais apparemment on trouve des sketchs qui jouent la dessus chez Eddy Murphy, Whoopie Goldberg ou encore Martin Lawrence. Il semblerait en fait que ça soit une tradition plusieurs fois centenaire. Un article du New York Times sur la question cite un livre d'un certain Marvin McAllister: “Whiting Up: Whiteface Minstrels and Stage Europeans in African-American Performance.” Au cinéma, on se rappelle que c'est un élément clé de Blackkklansman, le détective utilisant sa White Voice pour tromper David Duke. |
Certes (merci pour les références!), mais l’ "idée" qui m’a frappé ici ce n'est pas tant le fait de contrefaire une "voix de Blanc" (qui est avant tout une réalité du milieu des entreprises de démarchage par téléphone ou de service clientèle, aussi en France pour les personnes d’origine africaine ou antillaise d’ailleurs), que, plutôt, la manière absurde avec laquelle on la représente: le caractère "impossible", surnaturel de la voix qui surgit du corps des protagonistes, comme par magie (un doublage évident pour une « stupid voice ») et c'est précisément ce côté ouvertement débile, pour ne pas dire grossier, qui m'a bien fait rire! Et qui en y repensant sert le propos qui vise à faire ressortir l’aliénation du personnage. |
Je ne sais pas trop quoi en penser. Je peux prêter le DVD aux intéressés. |
Pour un film qui a mis sept ans à être produit, je trouve que celui-ci démange bien et on ne peut qu'avoir un respect certain pour le persévérance de Boots Riley. Disons que j'y ai vu quelque chose de plus stimulant que chez Spike Lee... |