Film: Mission:Impossible-Fallout

Jean-Luc () a dit:
Beaucoup trop de péripéties. Long et ennuyeux. On regrette la légèreté et les scènes de comédie des deux précédents.


Vincent () a dit:
1,5.

Je ne suis pas un ennemi de la surenchère de péripéties; mais ici elle démolit ce que le film essaie parfois de construire. Plus que le nombre, c'est peut-être l'articulation de ces moments de tension et de spectacle qui pose problème, et finit par annuler toute forme d'effet.

Un exemple parmi tant d'autres: le moment du fameux "halo jump" (je dis "fameux" parce qu'une partie de la promo du film a été faite autour de ce saut en chute libre "furtif" dans des conditions extrêmes). Ce pourrait être un moment de grand spectacle visuel, d'émotion cinématographique... si le film savait se contenter de ça! Mais non SPOILER SPOILER, à peine dix secondes après que Cruise/Hunt a sauté, voilà qu'un élément vient se surajouter, un éclair qui heurte Walker/Cahill et lui fait perdre son oxygène et connaissance (oui, c'est un zeugme gratuit, c'est comme ça, c'est l'été). La séquence se réoriente ainsi brutalement, il faut sauver le camarade qui risque de s'écraser au sol... et tout élément du spectacle visuel qu'offrait cette chute libre dans le ciel nuageux et immense disparaît d'un coup. Le nouvel élément spectaculaire est venu écraser le précédent, et l'annuler.


Frederico () a dit:
Ça serait quand même un exercice intéressant de comparer l'écriture des différents épisodes de cette série. C'est dans M:I 3 que le personnage du nerd rigolo joué par Simon Pegg fait son apparition, mais il me semble que c'est dans Ghost Protocol qu'une nouvelle formule s'établi. Une connivence avec le spectateur s'installe par le biais du personnage de Pegg qui signale de façon comique que ce qui va suivre est complètement débile et cette connivence élève le seuil d’incrédulité. Le film profite ensuite de ce seuil élevé pour faire foirer dans le plan tout ce qui peut foirer et ainsi maintenir presque constamment Hunt au bord du gouffre (souvent littéralement). Est-ce que l'efficacité de cette formule s'épuise au fil des épisodes ou est-ce que le juste dosage pour la faire fonctionner n'est plus trouvé? A priori, je pencherais quand même pour la seconde option.

Le film semble moins ludique, les séquence d'actions trop étirée sans que leur contenu le mérite et les tenants et les aboutissants de la trame sont tellement peu clairs que les multiples rebondissements provoquent au mieux un haussement de sourcil ou un grattage de tête.

En gros, le film manque de clarté et donc la cible (c'est comme ça qu'on fait Vincent???).

SPOILER SPOILER SPOILER
On peut quand même saluer l'imagination des scénaristes qui nous font un film d’espionnage en 2018 où les trois antagonistes sont un ex-agent secret anglais devenu anarchiste, un scientifique norvégien athée et un agent de la CIA! Le réel peut dormir tranquille.


Vincent () a dit:
Excellent zeugme, Frederico.


Jean-Luc () a dit:
Moi celui que j'aime bien c'est "Il prit son chapeau et la porte".


Charles-Antoine () a dit:
Vous êtes bien sévères, chers Grottiniens, je serais plutôt vers 3,5, mais les dernière trente minutes m'empêchent de mettre 4, sommet que seul le précédent volet avait atteint.

Il manque le lyrisme de ce Rogue Nation, mais aussi sa palette de couleurs vives. Autrement, j'ai trouvé tout cela vraiment formidable (hormis le final donc, assez décevant et surtout trop bondien).

Quelques points:

- Pour la première fois depuis très longtemps - 56 ans obligent - Tom Cruise n'exhibe pas son torse.
- Le score - d'un élève de Zimmer - est incroyablement proche de ceux de The Dark Knight et sa suite (qui sont de toute évidence les références ici).
- Last but not Least: troisième film en moins d'un moins, avec The Incredibles 2 et Ant-Man and the Wasp, à thématiser la question des conséquences de l'inscription des femmes dans des champs monopolisés jusqu'ici par les hommes. Ce film partage d'ailleurs avec la production Marvel le souci de ce que les hommes font entre deux dans ce contexte: accouplement à l'homoérostimse refoulé ici, échange verbal gay plutôt assumé dans Ant-Man.


Laurent () a dit:
Moi je trouve qu'il tient bien le cap, le Tom, et sa série aussi.

Certes (1), cet épisode repose sur l'exploitation guère novatrice d'éléments posés dans les précédents volets. La belle galerie de seconds rôles classiques – l'un des grands atouts de cette série attachante – est fort heureusement au rendez-vous, mais sur un mode tout de même éteint : face à un Pegg rachitique & à un Rhames pataud, l'intrépide Ferguson s'en sort un tout petit peu mieux – plus fraîchement arrivée, elle a encore quelques arguments à revendre… dans le cadre erratique dans lequel on la fait évoluer ici, et où elle se voit cantonnée à quelques apparitions mutiques, tout en regards sibyllins traduisant des ressentis ambigus ; le merveilleux Sean Harris n'est plus qu'un paquet trimbalé à gauche à droite, qu'on sort un temps de sa boîte pour le laisser susurrer des imprécations millénaristes de sa voix aussi enrouée qu'inquiétante, avant de le remballer illico ; Balwin c'est plus possible à cause de son Trump-SNL – la production l'a d'ailleurs bien compris… ; quant au retour de la romance du IIIe opus, elle ne nous intéresse plus, surtout quand elle est portée par le visage devenu inexpressif d'une Monaghan post-bistouri – on la décrit comme "fantomatique", c'est peut-être voulu!); oui, il y a l'excellent Cavill, bien bâti et charismatique, qui transmet avec talent la dualité de son personnage entre brute militaire et bellâtre old school (double connotation de la moustache!), mais Cruise ne lui laisse, là encore, pas vraiment de place pour s'exprimer, et s'en débarrasse d'ailleurs…

Certes (2), les deux grandes séquences d'action avec véhicules souffrent d'un manque analogue d'inventivité (même s'il faut souligner les efforts partiels pour aller dans un plus créatif : l'une exploite bien les rues de Paris; la seconde devient top du moment où les hélicoptères sont down).

Mais il y a malgré tout de très beaux passages, y compris d'action (les poursuites et sauts à Londres; le combat bien viril dans les chiottes du Grand Palais et plus généralement l'ensemble de ce qui se trame sur ce site; l'épisode avec la fliquette française – en gros, tous les moments d'action plus classiques qui jouent d'un suspense moins ancré dans l'acrobatie de cirque que dans l'interaction dynamique de plusieurs protagonistes), et le soin général porté au tempo et à l'espace m'a paru d'une vraie exigence.

Surtout, il y a quelque chose avec ces films d'espionnage haut du panier qui reste fascinant dans la figuration d'une humanité poussée à ses limites, pas seulement celles qui nous font évoluer dans la fantasmagorie technologique, mais aussi dans les derniers retranchements des valeurs et des sentiments (plusieurs séquences de dialogue, ainsi, m'ont paru d'une étonnante profondeur, quasi-tragique – bien aidées par le score assez dark de Lorne Balfe, du moins dans ces scènes ponctuées de quelques accords à la fois inquiétants et suspendus… en lieu et place des mélodies sirupeuses de circonstance – dommage que ces moments de dialogue ne durent pas plus longtemps : Cruise-Ferguson au Jardin du Luxembourg; Cavill-Bassett devant la Tour Eiffel; la stupeur de toute l'équipe à l'arrivée au camp du Cachemire, quand resurgit Monaghan et, surtout, toutes les scènes entre Cruise et la courtière blonde ("Vanessa Kirby"? - mais d'où vient cette splendide mijaurée qui vient barrer d'un sourire torve et ironique les promesses d'abandon d'un regard azur perçant?), dans lesquelles on a constamment l'impression qu'ils sont au bord de se jeter l'un sur l'autre… mais sans que jamais rien ne se passe in fine (Hunt, le Bond qui ne bande plus?)

En somme un film plus conventionnel que les meilleures entrées de la franchise (il n'a ni l'ambition narratologique du premier, ni les folies lyrico-pyrotechniques du second, ni le sens de l'entertainment vintage et flamboyant du précédent, mais – contrairement aux deux volets plus faiblards (3 et 4) – en émane encore la perception souterraine de ce pathétique (l'homme trahi, manipulé, contraint d'agir, qui ne peut aimer, etc. – et dont le triomphe final est toujours relatif – on retombe dans le giron hypocrite ou on s'enfuit vers le nulle part) qu'implique le genre de l'espionnage (et qu'au niveau blockbuster, ni Bond, ni Bourne, pour des raisons aux antipodes l'une de l'autre, ne peuvent véritablement assurer). Et le visage de plus en plus défait de Cruise, qui finit d'ailleurs cette fois dans un lit d'hôpital, en demeure, malgré toutes les reprises et l'absence de créativité qui mine la série, le signe véritablement poignant.


Laurent () a dit:
En repensant au charme qui émane de ce cast autour de Cruise, je me suis rendu compte qu'ils étaient tous – et de plus en plus! – britanniques. On le sait, depuis longtemps, que les Britanniques et les Australiens figurent constamment parmi les meilleurs interprètes du cinéma américain… mais là il y a concentration non? ça me frappe car je ne savais pas que Cavill – qui a peu d'accent – était brit et que Rebecca Ferguson – Suédoise – avait presque pris l'accent depuis son succès dans une série produite au Royaume-Uni…
Un feel européen classieux-international imposé par la série, mais tout de même une part de la réussite de la série de Cruise se situe aussi dans l'intelligence à rassembler autour de lui ces présences charismatiques…
https://www.youtube.com/watch?v=pfne1yzaa5Q


Jean-Luc () a dit:
Si jamais, Vanessa Kirby joue Margaret, la soeur d'Elizabeth II dans The Crown...


Laurent () a dit:
En me renseignant, j'avais appris ça. Elle y est brunette, par contre, n'est-ce pas? – et j'ai l'impression que la (fausse?) blondeur lui donne un petit air de folie supplémentaire… Dans cet extrait du Graham Norton Show, elle parle du fait d'être reconnue dans la rue pour ce rôle (avec une hystérie mimique et un sens "cinématographique" assez stupéfiants, il faut bien le dire, sans parler de la manière dont elle se répand littéralement sur son voisin – un très monolithique Josh Brolin):
https://www.youtube.com/watch?v=cVsnmiGkM8k