On en reparlera quand plus de personnes l'auront vu… En attendant, l'un des bons moments du film se situe à la toute fin, à l'issue d'un montage "dans ta gueule" d'images d'archives autour de Charlottesville 2017 – qui fait rêver, d'ailleurs, d'un autre film que celui auquel on vient d'assister! – avec le choc de ce blues fabuleusement interprété par Prince seul au piano (inédit de 1983): EDIT: La Main Noire a integré la vidéo au commentaire |
quand la comédie ne fonctionne pas, quand l'enquête n'est pas passionnante, quand un film traite à la truelle d'un sujet aussi grave (cette éternelle caricature des pèquenauds sudistes, avec en face des Soul Brothers and Sisters pas beaucoup mieux lotis), et qu'il pense pouvoir se rattraper avec une actualisation politique balancée à l'emporte-pièce (alors que celle-ci nécessiterait justement un autre film pour en comprendre toute la genèse et les implications), alors on se dit qu'il faut revoir le film de Bigelow... |
Je pense que le film soufre beaucoup de son matériel de base. L'anecdote est savoureuse, mais demeure anecdotique, du coup, tout reste à faire pour la transformer en un film. Et là c'est l'échec. On tente de rajouter des éléments de comédie, mais ils tombent à plat. On tente de rajouter des éléments à la trame policière mais ils sont grotesques (la somme totale de l'opération historique et d'avoir empêché trois flambements de croix et fait muter deux membres du NORAD). On tente de créer un lien avec l'amérique d'aujourd'hui, mais c'est lourdaud et, à mon goût le fruit d'une analyse réductrice et donc erronée et improductive. Il aurait peut-être été plus intéressant d'observer ce KKK de 1979 en le mettant en perspective avec son histoire. Il faut quand même comprendre que le KKK c'est plusieurs millions de membres au milieu des années 20, mais le chiffre s'écroule à plusieurs dizaines de milliers des années 30 aux années 60 pour pratiquement disparaître au milieu des années 70 (environ 1500 membres!). Au moment où le film se déroule, l'"Organisation" a repris un peu du poil de la bête avec 10'000 membres, mais on reste dans ces ordres de grandeur jusqu'à aujourd'hui. Il se pourrait toutefois qu'il y ait un impacte de Trump; la parole décomplexée (pour être poli) du président étant décomplexante pour les discours radicaux. Le KKK serait passée de 4'000 membres en 2016 à 10'000 membres en 2018. Au crédit du film, on mettra quand même la façon dont il sépare le KKK entre sa branche à vocation politique et sa branche d'activistes (même si caricaturalement bas du front) et comment il met les héritiers des Black Panthers en parallèle avec le Klan (ce qui souligne les différences, mais aussi certaines similitudes). C'est aussi intéressant qu'au centre du récit soit la figure du raisonnable, celui capable de naviguer d'une culture à une autre, sans en faire un "House Nigger" (même si on l'en accuse) ni un personnage en crise identitaire. Le film n'est pas inintéressant comme objet à analyser sur ces question, mais comme film de fiction, quel ennui! |