Football Infini Quel titre! Le nouveau documentaire du Roumain Corneliu Porumboiu (que je ne connaissais pas, mais dont l'œuvre, déjà saluée par des prix divers, comporte déjà des choses assez excitantes… déjà avec un lien avec le football – je suis sûr que les grottiniens les plus roumanistes le connaissent. Ils en ont peut-être déjà parlé ici! Ce film, sorti dans le contexte de la Coupe du Monde, évoque moins le football en soi (méfiez-vous de la bande annonce 100% centrée sur ce sujet, et qui ne montre pas les scènes les plus importantes et les plus émouvantes du film) que la trajectoire d'un homme à l'évidence talentueux, bien formé intellectuellement et soucieux d'apporter sa contribution au monde – et qui, jusqu'à présent, n'a pas pu faire entendre sa voix et changer les choses comme il le souhaitait. Son portrait est constamment à la frontière de l'intime (le héros provient du cercle familial et amical du réalisateur – qui accompagne constamment son protagoniste, notamment sur des lieux désormais anonymes mais chargés du souvenir ou du traumatisme, à la façon Herzog, sur un mode certes plus doux mais néanmoins intrusif et directif) et de questions universelles qui finissent par l'emporter dans un splendide travelling avant final des plus poignants. Un essai de micro-histoire en quelque sorte. L'émotion arrive peu à peu devant cette évocation d'une vie gouvernée par la passion, l'érudition, et où l'on parle beaucoup de la disparition des choses, celles des événements du passé et celles d'un certain rapport au monde (tout le discours, à la fin, sur le sens des mots). On comprend finalement que, derrière la volonté de réformer le football dans le sens d'une plus grande restriction de la mobilité des joueurs, c'est l'idée d'un monde supposément libre et ouvert, mais en réalité à la merci de la brutalité des rapports de force dérégulés, qui est l'objet (toujours implicite) du propos développé par le héros de Porumboiu. Bref, je me réjouis de rattraper l'œuvre de ce type, et de le suivre à l'avenir! |
je peux te prêter ce beau Policier, adjectif en DVD si tu veux Fooooorrzzzzaaaaa Uruguay ! |
J'ai vu l'autre truc sur le foot: Al doilea joc, littéralement Le deuxième match, mais très élégamment titré en français Match retour. En fait, le père de Porumboiu a été arbitre de football durant la dictature et, apparemment, quand il y avait le derby de Bucarest entre le Steaua (historiquement le club de l'armée) et le Dinamo (historiquement le club du ministère de l'intérieur), c'était lui qui arbitrait car il était ni corruptible ni possible a faire chanter, du coup les deux équipes l'acceptait comme un bon compromis, chacune étant plus ou moins sûr que l'autre n'aurait pas pu se mettre l'arbitre dans sa poche. Le film, c'est les images télé sur VHS d'un de ces derby arbitré par le père (visuellement assez étonnant car c'est un match sur un terrain enneigé) avec en off (où plutôt a mi-chemin du off et du over), le père et le fils qui parlent du match et du contexte en le regardant. Et ça dure la durée du match. Sur le papier c'est vraiment ultime, mais dans les faits on reste un peu sur sa faim... Robert, à l'occasion je te pique ce "Policer, adjectif" car, à moins que ma mémoire flanche, je ne l'ai pas vu. Tu n'as pas "Le trésor" que tu peux passer à Laurent? Ou bien tu l'avais loué ou vu en salle? |
Ah j'étais sûr que la "Romanian Squad" du Grottino connaissait! Bien sûr que je suis intéressé par ces deux films. Je vois que les films sont à la BCU, donc je risque d'aller faire une petite razzia, probablement à partir de mi-août. L'idée du père et du fils qui commentent un match enregistré sur VHS, ça me fait penser à une belle scène de Tonnerre où Macaigne et Bernard Ménez évoquent une partie de Roland Garros des années 1980 (enfin je crois je ne me rappelle plus bien, confonds peut-être…) Mais là, sur la durée d'un long métrage en effet ça a l'air ultime. Drôle comme le foot suscite ces jeux sur la durée, au cinéma avec le film de Gordon et Parreno sur Zidane (ou son modèle sur George Best, Fussball wie noch nie de 1971 – pas vu d'ailleurs), Offside de Panahi ou encore toutes les performances de Furlan. Film sur le sport : ça me fait penser que le documentaire sur MacEnroe, L'Empire de la Perfection, fait à partir d'archives inédites réalisées au début des années 1980 par un Français travaillant alors sur la technique du geste sportif, est sur le point de sortir! http://blog.cinemadureel.org/film/lempire-de-la-perfection/ |
La Main Noire est passée par là pour canaliser la fièvre footbalistique de Laurent (création d'un topic Mundial) et pour déplacer sa question technique dans le topic Grottino 2018. |
Un film curieux, qui, avec ses faux airs de docu brouillon sur un sujet a priori mineur, propose d’inattendues métaphores politiques et des réflexions philosophico-existentielles. L'incongruité des idées de l'apprenti game designer et celle de la forme que prend le film (les quérulents qui débarquent au milieu de l'interview!) donne également au film des moments cocasses entre les moments plus graves. Le final et la politique des auteurs me font mettre un soft three. |
j'ai vu Les Dames récemment - honnête docu qui ne déparaillerait pas sur Temps Présent - et me demandais ce qui aurait plus faire de celui-ci plus que son sujet. La réponse est tombée avec la vision de ce film, où comment relier le particulier à l'universel. L'écart n'est pas si grand et en même temps, d'une certaine façon, infini ... |