Film: Isle of Dogs

Vincent () a dit:
Est-ce parce que je l'ai vu en mode "papa avec ses enfants"? J'ai moins croché à ce nouvel opus andersonien. Trop rapide, trop fouillis (sans la dimension tintinesque de "Grand Budapest Hotel"), lorgnant vers du... Tarantino (beaucoup de flash-backs insérés à la va-vite pour faire comprendre une attitude, une réplique, un surgissement de personnages)...

Plus encore, je crois que le "discours" du film me pose problème. C'est la nostalgie désenchantée qui me touche dans les récits d'Anderson – fins d'époque, mélange doux-amer de gains et de pertes, mais aussi attachement farouche à une forme d'indépendance dans la façon de poser ses valeurs et ses croyances... C'est typiquement ce qui fait à mes yeux la qualité de "Fantastic Mr. Fox" (pour tisser un parallèle avec le précédent film en stop motion d'Anderson), et ce qu'on ne retrouve qu'à moitié dans ce nouveau film (qui célèbre au contraire la grande réconciliation et la domestication des uns par les autres... même si chaque personnage principal finit un peu déglingué).


Vincent () a dit:
Allez, 2.75.


Frederico () a dit:
L'inventivité technique et formelle est très impressionnante, mais je dois dire que le récit m'a laissé de marbre, malgré le charme de certains doublages. Pire, je suis obligé de rejoindre Vincent sur le malaise que provoque la servilité des chiens (d'autant plus avec le personnage de petit facho d'Akira Atari, encore renforcé quand on comprend ses répliques). Le malaise se prolonge avec la représentation du Japon fait de stéréotypes et un rapport à la démocratie un peu étrange (source d’oppression de la minorité, système manipulé par le mensonge alors que la vérité est impuissante et un happy end qui arrive par voie d'héritage!).

Très inférieur au jouissif Fantastic Mr Fox.


Robert () a dit:
Fred, lapsus intéressant...le petit facho n'est pas celui du film d'Otomo, mais Atari

Otomo qui a d'ailleurs réalisé une très belle affiche pour le film:

https://www.empireonline.com/movies/news/isle-dogs-exclusive-poster-art-akira-creator-katsuhiro-otomo/

Toute la partie à Megasaki avec les humains est formellement magnifique (l'utilisation du cadre, la médiatisation et ses séquences en anime, la question du langage,...) et un bel hommage à la culture visuelle japonaise (ah mais si seulement il avait osée faire le film en Bunraku !), mais je suis beaucoup moins intéressé par celle sur l'île aux chiens. Et puis il y a Desplat qui démontre une nouvelle fois qu'il est juste le meilleur compositeur contemporain de musique de film.

C'est justement cette vision du monde de Wes décrite par Vincent qui aurait tendance à m'énerver, donc je trouve le discours ici presque plus honnête...tout contrat social impose une perte de liberté pour ceux qui y souscrivent.

Intéressant que Wes ait pris les chiens comme protagonistes, car ce sont les chats, grands absents du film, dont certaines métropoles cherchent à maitriser la croissance incontrôlée par des plans de castration et d'euthanasie forcés...

Allez une petite vidéo d'Atari Teenage Riot pour mettre un peu de bordel dans ce gentil ordre établi: https://youtu.be/plAr3adKbyc