Ce biopic polonais vu au Bellevaux suit les trente dernières années de la famille Beksinski, soit la période allant du déménagement de tout ce petit monde à Varsovie au début des années 70, jusqu'à la mort du dernier d'entre eux en 2005. Le personnage principal est Zdzislaw, le père, peintre au succès local puis international qu'on pourrait qualifier, de façon réductrice, de Giger polonais. Une part importante du film est également dédiée au fils, Tomasz, névrosé qui deviendra renommé comme animateur radio, critique musical et traducteur en polonais, entre autre, de plusieurs James Bond et des Monty Python. Dans les biopics d'artistes, on peut en général s'attendre à quelque chose qui s'intéresse au processus technique de création ou qui tente de trouver dans les éléments biographiques les sources d'inspiration du créateur ou encore qui suit la trajectoire de la carrière de l'artiste... Il n'y a rien de cela dans ce film. Quand le film débute, Zdzislaw est déjà connu et peintre à plein temps, le processus de création n'est pratiquement jamais montré ou même évoqué et aucune correspondance n'est faite entre toiles et événements de la vie du peintre. Il faut dire que le vrai Zdzislaw ne parlait jamais et avec personne de son travail et refusait de donner quoi que ce soit d'autre que les peintures elles-même, au point de ne jamais leur donner de titre. Sa vie est celle sans histoire d'un employé de bureau bonhomme, a part qu'il travail à la maison et que son fils n'est pas 100%. Un étrangeté par contre offre du grain à moudre au réalisateur: Zdzislaw, sans que cela soit d'ailleurs problématisé ou expliqué dans le film, passe une grande partie de son temps à documenter sa vie de famille. Il laisse derrière lui une montagne de photographies, de home movies et d'enregistrements que le film reconstitue régulièrement. C'est assez étonnant et, formellement, le réalisateur Jan P. Matuszynski fait preuve d'une certaine virtuosité sans être ostentatoire. Malgré cela, on se gratte un peu la tête. Le film ne montrant pas beaucoup plus que des vies assez banales se finissant abruptement, faut-il lire quelque chose en creux? Par exemple, l'idée assez forte que l'univers mental d'une personne n'a pas forcément de rapport avec sa vie et sa personnalité? Que l'inspiration peut être mystérieuse, être ex nihilo? Je me demandais aussi si, n'étant ni polonais, ni familier de l'artiste, il ne me manquait pas une clé de compréhension qui serait la perception que la société polonaise avait de lui (le petit google-fu que j'ai fait ne semble pas dire qu'il passait pour un suppôt de Satan et son assassinat - oups spoiler! - est, a priori, sans relation avec le contenu de ses oeuvres). Beuh. PS: Parmi les nombreux plans-séquences du film, il y en a un complètement barge où le brave Tomasz se retrouve dans un avion qui tombe en panne et doit faire un atterrissage d'urgence. C'est presque Children of Men pour le coup! |