Film: I, Tonya

Frederico () a dit:
Après avoir fait un tour sur youTube pour regarder quelques images d'archives, je pousse à trois pour le travail de reconstitution qui a été fait. Dans à peu près toutes les séquences issues de documents (interviews, compétitions) le film colle de très très près au matériel (regardez par exemple cette video de la première tentative de Harding à Lillehammer avec le backstage, la réplique "I'm gonna break my ankle", etc). Après, il y a des aménagements. Par exemple le père disparaît totalement du récit mais dans la vidéo en lien, on voit qu'il était dans les tribunes de Lillehammer!

Dans un ordre d'idée un peu différent, il y a un document non exploité et non évoqué: la sex tape vendue par son ex-mari. Ça arrive en plus durant la période couverte par le film. C'est peut-être un choix moral, une contrainte légale ou alors ils trouvaient que c'était quand même un poil trop glauque pour la loufoquerie du film (qui est quand même loufoque avec pas mal de choses glauques déjà!).


Charles-Antoine () a dit:
Très bon film, très humain, qui pointe bien le patinage artistique comme un site de disciplinarisation du corps des femmes, notamment en termes de codes de classe. Mais surtout, en reprenant le dispositif de la télé-réalité (filage sur le vif et témoignage face-caméra), le film met bien en évidence ce que ce type de spectacle nous appris à faire: aimer détester. Et parle donc à sa manière del'ère Trump.


Laurent () a dit:
Margot Robbie pousse plus avant sa singulière persona de white trash sanguine borderline (sa combinaison yeux fous + sourire de psychopathe, dans plusieurs scènes, évoquent étrangement son personnage de Suicide Squad… de même que la scène – qui fait aussi penser aux Dangerous Liaisons de Frears – où elle ôte son maquillage face caméra, en émule féminine du Joker). La manière douteuse dont on reconstruit l’histoire, ici, qui frôle le Cohen méprisant, ne gâche fort heureusement pas le plaisir que l’on peut prendre à cette biopic-pochade souvent enlevée (notamment grâce à la conduite de la narration et ses jeux sur l’énonciation, ainsi les regards caméras des personnages commentant l’action qu’ils sont en train de vivre, ou la représentation semi-subjective de la vanité grotesque de l’ami mythomane qui les fout tous dans la merde – ralentis hilarants dont le statut paraît incertain, puisqu’ils semblent matérialiser la manière dont le type, loser intégral, se perçoit lui-même).


Laurent () a dit:
J'abonde dans le sens de Frederico pour ce qui a trait à l'obsession imitative dans nombre de biopics contemporains, dont l'effet est exactement inverse à celui escompté: une véritable étrangeté, comme un surcroît de stylisation se dégage en fait de cette volonté de reconstituer de manière maniaque le moindre détail, d'accent, de posture, de look, etc.