Documentaire de Wang Bing vu au Black Movie, sorti au Bellevaux. Mrs Fang se meurt. Amaigrie, presque catatonique, mutique, elle est quelque part entre la vie et la mort. Sa famille s'est réunie autours d'elle et attend l'inévitable. On tue le temps et on fait les préparatifs du banquet funèbre. Wang Bing, qui avait le projet de faire un film sur Mrs Fang alors qu'elle était en bonne santé physique mais que son esprit était déjà parti ailleurs, ne détourne pas le regard. C'est d'autant plus violent que, lorsque le tournage commence, la famille a déjà accepté l'état de l'agonisante et est déjà dans une logique pragmatique de devoir familial et d'organisation. Malgré ou peut-être grâce à ce manque d'affect, les événements montrés (discussions familiales, partie de carte, pêche nocturne) sont hantés par le poids et la nature du thème et nous donne l'impression d'être témoin d'une parenthèse à la frontière de l'au-delà. Comme dans son film sur les migrants, l'extraordinaire sensibilité des capteurs des caméras modernes permet des séquences nocturnes absolument saisissantes. On parle de plans tout simples, caméra au poing, mais deux scooters qui partent dans la nuit ou un bateau éclairé d'une seule lampe de poche et on doit ramasser sa mâchoire par terre. |