Une usine de fabrication d'ascenseur est victime d'un démantèlement qui ne dit pas son nom. Faut-il danser sur la musique du management? Faut-il accepter les conditions d'un licenciement à l'amiable dans l'idée qu'un tiens vaut mieux que d’hypothétiques tu l'auras et faire fi de la solidarité et de la dignité? Faut-il faire grève? Un moyen légal de pression, mais quelle pression véritable est appliquée quand on fait la grève du chômage technique? Faut-il opter pour l'occupation malgré son illégalité? L'élégance du film de Pedro Pinho est d'avoir un personnage principal dont on voit la vie en dehors du travail et d'avoir une figure de sociologue qui vient observer et documenter la lutte ouvrière, devenant ainsi une trace du réalisateur. Ce dispositif alimente un système de constant débat, de remise en question, d'auto-critique, ce qui, au lieu d'en faire un film à thèse, en fait un film dialectique. On a même droit à un coup d'hyper-fiction, un rebondissement scénaristique étant souligné comme artificiel par un moyen des plus surprenant (même si vu ailleurs de façon moins légitime). J'en reste à trois étoiles, car la représentation du patronat est un peu caricaturale, que j'aurai bien aimé que la démarche didactique soit poussée encore plus loin et que certaines élucubrations théoriques soient débattues sur le plan théorique plutôt qu'opposées à des considérations pratiques. Je me gratte aussi un peu la tête sur le traitement des problèmes de couple du personnage principal. |