Les Coen au scénario, et ça se sent, et c'est une cause d'ennui par moments (toujours cette caricature soit trop, soit pas assez appuyée). Clooney à la réalisation, et ça se sent (c'est visuellement laid – mais peut-être est-ce un essai de restituer les années 1960?). Hormis ces gros points faibles, le film reste intrigant par sa structure: on focalise notre attention sur une histoire avec un petit "h" – du sordide/burlesque de récit noir tout à fait classique (là encore, cf. "Beautiful day") – alors que la grande Histoire se déroule juste à côté, une maison plus loin, en arrière-fond (la ségrégation, la haine face aux Noirs, etc.). De fait, c'est comme si le film cherchait à nous dire qu'on ne regarde jamais au "bon" endroit, que la "vraie" histoire se passe ailleurs (on a le regard braqué – plus ou moins de force – sur le fait divers, et on en vient à négliger les tensions sociopolitiques de fond). Et ça marche aussi dans l'univers diégétique, mais "à l'envers" pourrait-on dire: SPOILER les résidents de Suburbicon sont obnubilés par leur haine raciste, au point qu'ils ne voient pas, littéralement, ce qui se déroule dans la petite famille blanche apparemment bien comme il faut – et même ils ne veulent pas le voir, ce que signifie une des dernières répliques du film. Le "discours" est donc intéressant. Il aurait pu être en revanche mis en forme avec plus de brio. |
Déçu en bien. SPOILERS SPOILERS La bande annonce vend un récit qui est presque l'inverse de celui du film. Du coup, un suspense qui fonctionne pas si mal s'installe et le scénario à l'élégance de ne pas trop expliquer ce qui a mené à la situation initiale du récit. Après, je suis d'accord avec le commentaire de Vincent. J'ajouterai peut-être un usage un peu excessif de la musique, comme si Clooney n'avait pas assez confiance en sa capacité a installer un climat par lui-même. |