un film testament sur l'art du dessin et de l'animation de Ghibli ambition scénaristique folle, splendeur formelle absolue contenue dans chaque plan un chef d’œuvre à en pleurer ! ps: ne croyez pas un instant ce que va écrire Fred sur l'ambiance sonore du film qui est certes osée mais magnifique ! |
Une des grandes forces du cinéma d'animation japonais et que par effet d'échelle il y a une grande quantité de professionnels des techniques classiques. C'est indéniablement à l'oeuvre dans ce film qui mélange scènes hyper complexe et décors magnifiques. On peut pinailler sur certaines attitudes, sur certaines décompositions, sur certaines déformations inhérentes à la technique employée (à moins de rotoscoper des modèles 3D un object complexe qui tourne et s'éloigne va inévitablement subir des distortions), mais ça ne pèse pas lourd en face de la créativité déployée. Une autre de ses grandes forces c'est la largeur du spectre des fictions. Ici un biopic scientifico-romantico-historique. Ça va donc pas mal. Une troisième force est l'héritage de la tradition oratoire japonaise. Dans la lignée des déclamations poétiques, des récitants du théâtre et du cinéma, le doublage est valorisé et donc en général remarquable et remarqué. Mais là... problème. En effet, le doublage est abominable. Le personnage principal marmonne ses répliques sans intention, les conversations sont complètement désarticulées et sans rythme, du coup les (heureusement rares) tentatives de comédie verbale sont des ratages totaux. Pire, il y a un choix, certes assez poétique et payant dans quelques scènes, de faire tous les bruitages du film à la bouche (Les Nuls regretteront l’absence de chat à faire vachement bien). Le soucis c'est que le soundscape s'en retrouve totalement vidé et les dialogues n'ont plus de fond pour pouvoir être mixé convenablement. Dans les séquences oniriques cela crée une distanciation, un effet éthéré, qui n'est pas inintéressant, mais absolument tout le film est passé à cette moulinette et c'est absolument insupportable. Dans ces conditions, pour moi, la fiction ne parvient pas à prendre corps. En y repensant, Robert est un grand fan du Roi et l'oiseau qui me rend fou pour les mêmes raisons. Comme en plus je ne suis pas tellement emballé par cette histoire de bourreau de travail (bourreau est le terme le plus juste sans vouloir faire de spoiler), on pourrait être à "bof", malgré les qualités techniques. Seulement voilà, la mise en scène est régulièrement époustouflante, d'une puissance et d'un souffle rarement vu. Pas seulement du grand artisanat: du grand Art. Comme je n'avais pas de boules quies je reste à un sévère deux étoiles. |
Note pour Bob: le mystère de la chanson du générique de fin est élucidé par la puissance communautaire d'Internet. La chanson du film est une reprise d'une chanson japonaise de 1973: Et voilà un hit de 1967: Les gars ont semble-t-il bien pompé sur Bach pour la peine. |
ah oui Procol Harum bien sûr ! Grand classique psych/prog mais qui paraît quand même totalement hors contexte ici...un classique minyo aurait été beaucoup plus juste pour être raccord avec les années 20-30. Ce qui m'amène tout naturellement à évoquer la question du son que tu trouves si problématique. Cela doit faire 20ans que je n'ai pas vu le Roi et l'Oiseau mais la comparaison est peut-être assez juste. On pourrait aussi évoquer les débuts du cinéma parlant dans lesquels on retrouve des environnement sonores qu'on peut percevoir comme minimaux ou déficiants, notamment à cause des procédés de captation sonore, mais qui sont en fait souvent très riches. Là où tu vois un problème technique, peut-on n'y voir en fait qu'un choix esthétique ? Pas certain, mais loin d'être dérangeant j'ai trouvé au contraire le résultat assez fascinant. Entre les passages entre différentes langues et les bruitages à la bouche on a à faire à un film polyphonique dans un certain sens... |
Le choix de la chanson est lié aux paroles japonaises. Hikokigumo (nuage d'avion) c'est le nom des traînées de condensation laissées par les avions dans le ciel et c'est utilisé de façon métaphorique dans la chanson pour la trace que laisse un être cher qui a disparu (ou qqch du genre). |
3,5. Mon seul bémol – qui rencontre je crois une des remarques de Frederico –, c'est que l'histoire est un peu longue, et avec un enjeu narratif très mince en termes de tension (construire un avion qui ne se démantibule pas en plein vol). En revanche, j'ai été sidéré par cette alternance entre onirisme et images sombres – au point que je regrette vraiment de ne pas avoir vu le film sur grand écran –, par des choix musicaux et des bruitages absolument pertinents, par une utilisation du cadrage, de l'enchaînement des plans d'un cinétisme qui frise parfois l'abstraction formelle la plus captivante, par un usage intelligent de l'ellipse narrative, par la subtilité du sous-tissage historique... Une des plus belles façons pour Miyazaki de sortir du jeu. |