Au Zinema, tous les jours à 17h00! Etrange de se retrouver là, pour un film au fond très “commercial“ où s'impose François Cluzet et, dans un petit rôle, Gérard Depardieu. Produit par Europa Corp, avec une musique lancinante de Cliff Martinez! SPOILERS SPOILERS SPOILERS Je n'ai pas vu les assez estimés précédents films de Xavier Giannolli (le truc sur un chanteur de bastringue avec Depardieu; Une Aventure, avec Duvauchelle et la Ludivine Sagnier…), mais je dois dire que celui-là est assez impressionnant: on navigue entre un certain classicisme narratif (passionnant récit d'imposture, suspense, confrontation dramatique d'un escroc qui se prend progressivement d'amitié pour ses victimes, et décide de donner un sens véritable à sa vie) et les tendances les plus pointues du cinéma français contemporain (un peu de l'esthétique gestuelle et verbale qu'on trouve chez Olivier Assayas ou Claire Denis). On pense dès lors à Audiard (tout le début, où l'on expose les mécanismes répétés de l'arnaque, en passant d'une région à une autre), à Nicole Garcia pour la description glaciale des structures propres à la bourgeoisie de campagne. Un peu aussi à l'Emploi du Temps de Cantet, pour la dérive progressive d'un héros enfermé dans son propre dispositif fallacieux (la scène du supermarché). Le personnage glisse en quelque sorte du capitalisme d'aujourd'hui (l'art du mensonge, de l'illusion, du pot-de-vin, de la transaction déplacée, du travail désincarné…) à la redécouverte de la valeur de l'activité laborieuse, qu'elle soit artistique (le chantier comme œuvre - cf la performance chorégraphique lors de la fête, écho au vitrail de la Maire jouée par Emmanuelle Devos) ou sociale (la commune revit, le tissu culturel se reconstitue, le politique renoue avec le commerce, le petit loubard se voit donner une chance, etc.) S'il ne fallait retenir une seule image, c'est celle, fantastique, emblématique, de cette ombre portée du héros, qui se dissout progressivement dans le sable d'une machine à ciment. Et, une autre, sa course désespérée mais néanmoins héroïque, sur le chantier désert, en brandissant le drapeau de sa boîte fantôme! |