Film: Der weisse Band

Frederico () a dit:
Très beau. Captivant de bout en bout. Tour de force narratif (plus de vingt personnages et tout reste clair!). Un cas pas si commun dans le cinéma occidental où on peut jouer sur l'extrême rigidité de la société et l'affectation du langage pour faire des scènes de pseudo-tractations absolument jouissives (le maître d'école chez son futur beau-père, le pasteur expliquant à ses enfants qu'il va les punir). Comme en plus Haneke mêle ça à des séquences où les masques tombent ou tout du moins sont changés (on pense à Sarabande dans la violence et la crudité de certains échange verbaux) je ne suis pas loin de mettre quatre étoiles. Ce qui me retient c'est une posture un poil facile (même si prudente et raisonnable) qui consiste à exposer une gamme de situations mais à laisser dans l'ombre la plupart des éléments clefs qui permettraient d'en observer et comprendre les mécanismes (on ne verra ainsi jamais les enfants entre eux par exemple).


Vincent () a dit:
C'est exactement pour cela que ce film ne fera pas partie de mon top 20. C'est plus qu'un poil, c'est une brosse entière.


Charles-Antoine () a dit:
J'y suis allé en trainant un peu la patte, plus motivé par le sujet que son réalisateur ou son aura festivalière. J'ai trouvé le film plutôt captivant, ressassant inlassablement les questions que Freud se pose à la fin du "Malaise dans la culture", à savoir la possibilité d'une névrose qui toucherait un peuple dans son entier, inquiétude qui fera écho par la suite aux travaux de Norbert Elias et de Theweleit sur la bourgeoisie allemande du 19 et 20e sc.

Outre la fin un peu expédiée, un reproche embarrassant: le soin clinique voire d'entomologiste pris par Haneke pour décrire les mœurs de ce petit milieu rural confine à la précision de certains manuels d'inquisition, qui, dans leur foison de détails croustillants, peinent souvent à complètement occulter le plaisir pris à ces pratiques et leur observation.

En fait, quand j'y pense, le vrai culot de Cannes 2009 aurait été de remettre une double Palme d'or à ce film ainsi qu'à celui de Ang Lee, qui est son parfait complément: d'un côté, la destruction systématique de la chair et du plaisir; de l'autre côté, son exaltation libérationniste.


Laurent () a dit:
Une bonne série TV chorale, dont le pitch pourrait être Novecento chez les Luthériens ou Petits Meurtres Mystérieux à Heimat, et qui se révèle souvent assez prenante mais, comme d'hab chez le père Haneke, qui est foirée, surtout sur la fin, par souci de jouer la carte pénible de l'édification morale où le récit sympa se perd en cours de route, et le rapport à l'Hichtoire (en gros, les catastrophes du 20e siècle découlent d'une éducation protestante un peu trop stricte, surtout les vils coups de trique paternelle…)

La fille du pasteur, dans ses quelques apparitions à la Sadako, fout bien les jetons je trouve.



Robert () a dit:
on pense au Jugend ohne Gott de Horvath


Vincent () a dit:
Chiant et prétentieux comme une Palme d'or. Si vous voulez une histoire d'ogres et de parents qui sacrifient leurs enfants, relisez "Le Petit Poucet" de Perrault, c'est tout aussi efficace, et nettement moins longuet.