Une étoile pour la séquence de poursuite parisienne qui est quand même assez classe et le grain de folie dans les yeux d'Arnold Vosloo qui, tout en incarnant le personnage avec le moins de temps à l'écran, parvient grâce à une sorte de détachement au coeur de l'action à nous faire fantasmer un incroyable passé de baroudeur. Sinon, quelle indigence narrative! On n'a le sentiment que les scénaristes ne croient pas en la possibilité d'écrire une histoire crédible et que, malgré ce postulat défaitiste, ils ne tentent même pas d'avoir une sorte de distance ironique. "On fait de la merde et on s'en fout" semble être le mot d'ordre. Il y a aussi un truc que je trouve assez gênant, c'est le mélange entre la fantaisie bubble-gum de bazar ou on dessoude tout se qui bouge à grand renfort de zap de kaboom, et un traitement pseudo réaliste des opérations militaires (convoi, afrique de l'est). Le rapport aux conséquences des actions et à la mortalité est quand même très différents. Du coup quand des pilotes d'hélicoptère font des one-liner avant de mourir où quand il y a des hécatombes chez les automobilistes parisiens, ça fait un peu bizarre (comme d'avoir la base militaire secrète en Egypte, Rendition style...). |
Je surnote parce que le film ne mérite franchement pas trois étoiles. En fait, il rejoint plutôt Star Trek et Terminator Salvation sur la liste de ces blockbusters estivaux qui, sans réellement satisfaire ou décevoir, c'est selon, revêtent tous des qualités suffisantes pour accéder au statut de divertissement auquel ils prétendent. Par contre, hormis son problème de nationalité, ce G.I. Joe fait un usage si excessif des CGI qu'il pourrait sans aucun problème figurer au programme de la rétrospective manga qui se déroule à Locarno en ce moment. De qualité ingale (même si aucune ne rivalise avec la laideur absolue de celles de Wolverine), ces CGI sont pour beaucoup dans le déficit de plaisir pris lors du final, auquel il manque autant d'enjeux que d'ancrage. L'industrie devrait du reste se méfier de ce recours devenu trop systématique: il suffit de revoir des passages de Phantom Menace ou Attack of the Clones pour prendre la mesure de la rapidité de leur dépréciation (rappelez-vous l'usage composite si réussi fait dans Starship Troopers de maquettes et de CGI...) Trois autres problèmes à noter: le manque d'humour qui avait fait une part de l'intérêt des deux momies, l'inutilité crasse des flashbacks de Storm shadow, et le racisme plutôt révoltant de la concentration de gags débiles sur les deux personnages "afro-américains" (cf. Brüno) du film. Enfin, pour moi, outre ses scènes d'action et le charme de Sienna Miller, le film vaut surtout pour l'attention qu'il prête à la question du corps, à la maîtrise des fluides et des émotions, au rapport qui s'instaure entre Scarlett et Ripcord autour d'enjeux émotionels et rationnels, à l'usage de flashbacks sur le personnage de Baroness pour signaler le retour aux termes de la fiction dominante (c-à-d aux normes du couple hétérosexuel patriarcal)... P.S: il paraît loin l'été 2003, où se côtoyaient dans la même saison Hulk, Matrix Reloaded, Terminator: Rise of the Machines et, dans une moindre mesure, Pirates of the Caribbean, Bad Boys 2 et The League of Extraordinary Gentlemen... |