Film: State of Play

Frederico () a dit:
Je me paie un peu la dèche car j'ai vu le film il y a plusieurs semaines et je remarque fortuitement que j'ai oublié de le noter. Comme quoi ça arrive à tout le monde!

En gros, de ce que je me souviens. Oui pour le cast, oui pour le pitch, oui pour certaines belles séquences, mais un peu plus dubitatif sur la représentation du travail journalistique avec le vieux scribouillard et la jeune blogueuse, ainsi que sur certains éléments du plot (le garage, la romance, le manque de clarté des enjeux dans la séquence de l'hôtel...).


Charles-Antoine () a dit:
2,5 plutôt.

C'est surtout pour son discours sous-textuel sur la technologie que ce film a retenu mon attention, notamment tout ce qui relève de la rivalité sexuée qu'il orchestre entre le vieux routard obsolète de la presse écrite à la virilité brute mal dégrossie (dois-je vraiment le désigner nominalement?) et la jeune blogueuse sexy et pimpante naturellement encline à la diffusion de ragots salaces et sensationnels. Amusant, le mode de soumission aux us et coutumes de la bonne vieille presse papier, avec sa prédilection pour l'authenticité du contact humain, loin de l'impersonnalité informatique du web, passe ici par une initiation qui culmine dans une scène de passage au caractère rituellique affiché avec la remise d'un collier de stylos.

Autre aspect intéressant, le personnage du mercenaire (certes, assez caricatural) sert finalement surtout à démarquer les positions de celui campé par Crowe d'une rigidité réactionnaire trop ambarrassante.


Laurent () a dit:
Toute la mise en place, la mise en train devrait-on dire, est très impressionnante, cette fabuleuse scansion narrative construisant graduellement et au pas de charge d'un montage très soigné malgré sa vivacité extrême, le portrait d'une urbanité washingtonienne en décrépitude, à l'image des structures politiques et économiques en ruines qu'on essaie ici de circonscrire. Un film qui déploie ses diverses ramifications narratives (méandres empruntés à une série TV britannique), par une circulation à la fois ample et nerveuse dans toute la géographie de la ville. Ce rythme extraordinaire s'étend à l'interprétation elle-même. Bel ensemble de comédiens en effet pour incarner les personnages de cette fresque toute riffs, courses et palabres, où le fat Affleck aminci et grisonnant en politicard Capitol Hill sobrement chic croise le pataud Crowe (charismatique comme jamais dans ce rôle de gros chat séducteur scribouillard d'investigation chevelu…) mention également à la petite peste Rachel McAdams en apprentie faire-valoir passant, via un cours d'édification éthique avancé donné tambour battant par le vieux briscard, du vampirisme creux people internet à la rigueur papier signature Pulitzer.

Par moments (rares), ce tempo infernal et contemplatif à la fois, comme peuvent l'être des flashes mekasiens, dévie malheureusement un peu de sa vectorisation ultra-dynamique pour sombrer, très brièvement, dans du sentimental trop allusif ou dans des péripéties un poil forcées (inutile second presque-twist).

A cause de ces quelques réserves, le film manque de justesse les quatre étoiles qu'un tel brio aurait mérité!

Le dernier plan avant le générique, deux ombres s'enfonçant dans la profondeur façon The Insider, me hante résolument.




Vincent () a dit:
Moi, c'est une séquence du début qui me hante, la trajectoire de l'assistante qui va se faire assassiner, représentée toute en ellipses, par fragments (fragments de trajectoire et fragments de corps, pieds, chevelure...).


Laurent () a dit:
Le film passe donc, en résumé, d'une série de coupes très fragmentées sur une femme qui va mourir, exprimant la crise totale (amoureuse, éthique, sociale, politique…) à un seul long plan “habité” sur le couple de journalistes, réconciliant les générations, les cultures, les sexes…




Vincent () a dit:
Scotché à mon siège, les yeux grands ouverts et les muscles bandés, pendant presque toute la durée du film... ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Quelques baisses de régime toutefois, notamment dans les scènes entre Cal McAffrey et Anne Collins.
Hormis la structure narrative à focalisation très restreinte, bien menée jusqu'au terme du récit et qui permet un retournement ultime assez efficace, j'ai trouvé que le film avait de la tenue grâce à l'opposition de points de vue qu'il met en scène, chaque protagoniste ayant peu ou prou sa vision de ce qui se passe et de ce qu'il faut en faire. J'aime beaucoup par exemple cette réplique de l'inspecteur black qui, énervé par le comportement des journalistes et de leur quasi-obstruction à l'enquête, leur balance qqch comme "This is not a story (point de vue journalistique), this is a case (point de vue policier)". La plupart des dialogues représentent de telles divergences, ce qui donne un vrai fond au film.
Enfin, ça m'a fait lancer un embryon de réflexion que je me suis permis de poster sur la version 2.0 de massecritique.com (pub).


Vincent () a dit:
... version 2.0 que l'on trouve ici: http://www.massecritique.com/blog