Il pourrait y avoir un film pas mal là-dedans, mais entre la problématique initiale mal formulée, sa résolution en deus ex machina ridicule et un taux de meurtre particulièrement étonnant pour la paisible Suède, on peine à adhérer malgré un ventre bien rythmé et assez captivant. Dommage aussi que le portrait du personnage féminin principal soit tiré avec beaucoup de clichés et peu de nuance, même si la musculeuse Noomi Rapace est dans le biotope des actrices de cinéma un étonnant corps étranger. |
2.5, très bonne surprise, même si le virage narratif qui amorce le dernier quart du métrage est vraiment indigne de sa tenue d'ensemble. A noter que le rapport entre la jeune enquêtrice férue d'informatique et le journaliste chevronné est ici aux antipodes du machisme condescendant qui régissait la relation du couple identique dans l'autrement excellent "State of Play". Ici c'est elle qui aide de façon déterminante le journaliste dans son enquête, le fait participer à ses réseaux, progresser grâce à ses dispositifs de caméras, tandis qu'elle s'approprie le regard et gère de façon autonome le rapport conflictuel qu'elle a avec le patriarcat. |
Voilà ce qui m'avait surtout ébloui dans ce film, au milieu de beaucoup d'autres choses… «Dans une séquence du thriller danois Millenium (Niels Arden Oplev, 2009), le regard d’une jeune femme est de même reconstitué à partir d’anciens clichés réunis, digitalisés et agrandis. Le mouvement des yeux reprend vie par la scansion des clics de l’enquêteur, geste qui retrouve en quelque sorte le déclic de l’appareil photographique ayant enregistré ces mêmes images, des années auparavant. Plus généralement, ce film est traversé par la problématique photo/cinéma, mais adaptée à la circulation et l’analyse systématique des images à l’ère informatique. Ainsi, le regard décrit ci-dessus se pétrifie soudain à l’apparition d’une menace, hors champ (zone invisible révélée plus tard, à partir d’une nouvelle recherche dans un album de voyage touristique) ; la démarche d’un homme apparaît décomposée lorsqu’une série d’images est graduellement chargée dans l’ordinateur de l’héroïne ; celle-ci possède explicitement une «mémoire photographique» causée par un traumatisme d’enfance ; le tueur collectionne les clichés des expressions de ses victimes au moment même de leur mise à mort ; l’enquête démontre l’importance de la numérisation systématique des archives photographiques ; etc…» Note de bas de page tirée de mon article: «Entre trace mortifère et scansion mémorielle, l’image arrêtée au cinéma», introduction au chapitre 4 de «Fixe/Animé. Croisements entre photographie et cinéma» (à paraître en 2010) A part ça, le film ne vaut effectivement pas grand chose en termes d'action, de suspense, etc. |