Film: Two Lovers

Frederico () a dit:
Pour la remarquable mise en scène de Grey. Mais tout cela m'a laissé bien froid. Il faut dire que je trouve que son film devrait s'appeler An Asshole plutôt que Two Lovers.

Il se peut que mon jugement soit aussi un peu biaisé par le visionnement compulsif de comédies dramatico-romantiques animées (Toradora, Honey & Clover...) où le moteur de la dramaturgie est l'altruisme plutôt que l'égocentrisme.


Charles-Antoine () a dit:
C'est pas que je ne veux pas me fouler, mais je suis "mot pour mot" d'accord avec Lolo. C'est d'autant plus intéressant de voir Gray s'extraire de l'univers gangster de NY qu'il conserve tous les autres éléments qui ont fait ses films jusque-là: les rapports claniques entre familles, choix entre singularité et conformisme, boîte de nuit, Brooklyn, reprise de mêmes acteurs...

Sans dévoiler trop du film, je dirais qu'il y a une lecture intéressante à opérer à partir des références diffuses à "Rear Window" et "Vertigo", le vertige étant, à mon sens, au cœur du propos développé par le récit.


Laurent () a dit:
Un exceptionnel sens de la durée, un héros poignant d'humanité… impossible de ne pas être complètement emporté, aux limites de l'effondrement, par ce chef-d'œuvre qui s'inscrit parmi les plus bouleversants mélodrames de l'histoire du cinéma.

James Gray a eu raison de s'émanciper de ses affectations de “film de genre”, à mon goût si mal maîtrisées… ici ne reste que l'essentiel: tout est profond, sensible, poétique…


Vincent () a dit:
Essentiellement pour l'interprétation exceptionnelle du cast tout entier, et en particulier de Joaquin Phenix... j'espère que c'est de l'Actor's Studio... ou alors il a vraiment un trouble bipolaire.
Par rapport à "Revolutionary Road" (autre comédie dramatique de référence pour ce début d'année, il me semble), j'ai été tout de même un peu moins séduit... Tout ça est moins flamboyant, moins cinématiquement inspiré, moins original dans le propos également. Mais peut-être plus de finesse en contrepartie (et on retrouve là le jeu des acteurs).


Laurent () a dit:
On peut discuter:

la scène de disco, la filature dans Brooklyn, l'ouverture urbaine avant le restaurant, les dialogues d'immeuble à immeuble… tout cela est-il vraiment moins “flamboyant” ou“cinématiquement inspiré”?

quant à l'originalité, je n'ai effectivement pas beaucoup vu de films aussi violents sur les illusions de la vie familiale que l'excellent «Revolutionary Road», mais pas tellement non plus sur les tourments amoureux d'un homme de la trentaine vivant encore chez ses parents…



Vincent () a dit:
... oui... c'est peut-être le décor un peu plus "urbain", donc plus crade, ou peut-être simplement plus "middle class" qui me font dire ça. Mais c'est également plus en finesse précisément. Un cinéma de l'étriqué, qui utilise le confinement du décor pour créer des plans confinés... avec des obstacles sur la route du regard (cages d'escaliers, embrasures de portes, fenêtres et rideaux, etc.). Avec alors moins d'ampleur, il me semble, moins d'ampleur dans le cadre, moins de "mouvement", aussi. Non? C'est ce que je voulais dire par "cinématiquement inspiré" ou flamboyant. Ça concerne les couleurs également, par exemple. Très urbaines, donc brunes et grises. Un cinéma de la demi-teinte, en nuances subtiles, alors que "Revolutionary Road" est (dans mon souvenir du moins) plus... flamboyant, again. Plus de lumière, plus de vitesse. Mais plus "caricatural" également, par moments.