Pas aussi emballé que Laurent par la facture des séquences de bataille, je note surtout un rare effet de déflation, où guerre comme politique deviennent de plus en plus atroce alors que les enjeux augmentent. Ce n'est pas souvent me semble-t-il qu'on a des séquences de siège où tout le monde meurt de faim dans ces épiques chinoises en costume. Plus d'un tiers du budget du film passe dans le salaire de Jet Li ($15 millions sur $40 millions), mais il faut bien dire que plus les années passent et plus il est saisissant dans sa gamme expressive. Il faut aussi dire un mot sur la présence envoûtante de Xu Jinglei. Sinon, il y a sûrement une analyse politico-historique intéressante à faire vu que la rébellion matée par les troupes mercenaires de la fratrie Li-Law-Kaneshiro était présentée par Mao comme une héroïque insurrection anti-féodale, précurseur de sa propre révolution. Ironie tragique peut-être? |
2,5 |
A voir absolument pour sa première heure, d'une tourbillonnante technicité, qui comporte sans doute l'une des plus intenses séquences de bataille de l'histoire du cinéma (quel sens de la relance, de la tension, de la balance entre corps-à-corps gore et vues d'ensembles stratégico-chorégraphiques : juste mon-stru-eux), et ses séquences finales à Nanking, empreintes de mélancolie fataliste. Si le jeu politique (loin du terrain de l'action, manipulations de go ministériel par un trio de vieillards infects) est subtilement agencé, la structure chronologique du film et ses exaltations (avec grosse zique) du sacrifice et du serment ne le sont pas toujours… Pas dégueu: y a Jet Li, Takeshi Kaneshiro et Andy Lau (ce dernier est, une nouvelle fois, à tomber à la renverse de charisme). |