Film: Milk

Frederico () a dit:
Je ne vois pas l'Oscar du scénario, mais je pense que Penn, métamorphosé, gagne le sien grâce au montage final le montrant en train de rejouer une scène capturée alors par une caméra. Le mimétisme est presque effrayant. Cela dit, si la mise côte-à-côte des images de fiction et d'archives est très clair dans ce montage final, ça l'est beaucoup moins dans le reste du film.

Sinon, je retiens surtout la séquence d'assassinat où tout d'un coup Van Sant fait des travellings dans les couloirs, convoquant le spectre glacé de Elephant.


Charles-Antoine () a dit:
Très bien, même jusque dans son illustration Pop de la période, dommage que le mouvement soit complètement déconnecté de la mouvance plus large qui a marqué ce tournant dans l'histoire des Etats-Unis: croisade anti-establishment, Vietnam, mouvement des droits civiques...

Je suis par ailleurs une nouvelle fois frappé par le caractère très hétéronormé des films de Van Sant, sans parler de leur pudeur.

Enfin, après le montage alterné de Tosca dans Quantum of Solace, il faudrait peut-être voir pour varier les intertextes musicaux...


Laurent () a dit:
“très hétéronormé”

????

dans le sens où il projette des structures bien traditionnelles hétéro (le fort, le faible dans le couple, etc.) sur les couples homo, c'est ça?

parce que dans les représentations premier degré, c'est une nouvelle fois un sommet d'occultation des femmes et, surtout, une vision assez médiocre de la “sensibilité“ gaie (ainsi, quand Milk avoue s'intéresse au brave père de famille joué par Brolin uniquement parce qu'il a senti, dans le regard (sic) de celui-ci, qu'il «était des nôtres») Ridicule…

Dans Slumdog Millionnaire, Boyle a exaucé tes vœux: c'est pas la Tosca, mais Orphée! Ce qui est important, d'ailleurs, c'est moins l'originalité que la pertinence de l'allusion: d'un côté ça meurt tragiquement et l'amour échoue (Tosca, qui va donc bien avec les récits de James Bond et de Milk); de l'autre on se retrouve grâce à l'intervention divine kitsch et l'opéra finit par un ballet festif (Orphée et Eurydice, c'est bien cela dans SM).







Charles-Antoine () a dit:
Pour l'hétéronormativité, c'est exactement ça. Pas une dose de queer ici (le qualificatif, à l'époque péjoratif, est du reste explicitement rejeté), le film est presque dans une aspiration nostalgique au modèle du couple hétérosexuel. Au point où même le caractère gaie de la jeune nana qui vient travailler dans la campagne politique est évacué. Milk donne l'impression que finalement, pour gagner, il manquait "la sensibilité d'une femme", discours complètement débile qui reconduit les clichés les plus éculés sur LA Femme...

Je trouve par contre tout ce qui concerne l'ascension de la figure militante assez réussi, mais il faut bien avouer que la trame n'échappe pas pour autant à tous les passages obligés du discours masculiniste actuel, qui va du "Man vs. Machine" (littéral ici) à la mort christique en bout de ligne!

Du reste, entre Grande Torino, Che, Seven Pounds, Valkyrie, Benjamin Button, The Wrestler et même Revolutionary Road et Watchmen, on peut se demander si l'attachement aux valeurs de la masculinité ne constitue pas l'assurance de ne pas survivre aux obstacles du récit.

Enfin, ok pour la pertinence de la citation musicale, mais la Tosca n'est pas non plus le seul opéra tragique dans le cadre duquel se joue une intrigue amoureuse (en revanche, la référence répétée donnerait en quelque sorte raison aux spéculations de Alessandro Barricco sur la dimension éminemment spectaculaire des compositions de Puccini...)



Laurent () a dit:
Ne “féminise” pas ce pauvre AlessandrO Barricco!!!





Charles-Antoine () a dit:
Décidément, mes fautes de frappe ne pardonnent pas!


Jean-Luc () a dit:
deux et demi


Laurent () a dit:
Performances attachantes et subtiles de Penn, Franco, Hirsch et Brolin (le pauvre, les cinéastes de gauche le cantonnent décidément dans des rôles de crétin réactionnaire - voir le bien famélique W.)

Joli intertexte avec la Tosca, à la toute fin.

Les contradictions internes du bonhomme dans son engagement politique, à peine esquissées via les déboires conjugaux, sont malheureusement passées sous silence au profit d'une quasi hagiographie (comme dans Che d'ailleurs).







Frederico () a dit:
Je rappel que Milk c'est l'oscar du meilleur acteur pour Penn, mais aussi l'oscar du meilleur scénario original. Mérités?