Film: The Wrestler

Frederico () a dit:
Pour faire écho à mon commentaire sur Slumdog Millionnaire, voilà un film où l'histoire, très simple, est exactement celle à laquelle on peut s'attendre MAIS où le scénariste, bien épaulé par Aronofsky, parvient à glisser une richesse thématique absolument inattendue et stupéfiante dans cette apparente simplicité.

Si on doit avoir une réserve, c'est le déséquilibre entre Robin/Andy et Pam/Cassidy. De cette dernière, il y a soit trop, soit pas assez. Il aurait peut-être fallut faire "The Wrestler & The Stripper", mais je fais la fine bouche, car The Wrestler tout court, c'est déjà assez ultime.

NB: Le scénariste, Robert D. Siegel, est un ancien rédacteur en chef du journal satirique The Onion. Pour rire, The Wrestler est son deuxième scénario après avoir co-écrit une farce sur les média, The Onion Movie. Depuis il a écrit et réalisé Big Fan, un film sur un fan de baseball dont le petit monde s'écroule après s'être fait tabassé par une de ses idoles.


Charles-Antoine () a dit:
Un cas d'école de masochisme masculin. Le film mériterait vraiment 4 étoiles si son discours n'était pas aussi rebutant, que ce soit dans sa déification du protagoniste masculin ou le sexisme crasse dont il fait montre à l'endroit de la plupart des personnages féminins.

Autrement, quelle justesse dans la construction du propos, quelle intelligence d'avoir subsisté à la brutalité authentique du ring de boxe, la violence "simulée" de l'arène du catch.

En démythifiant ainsi la masculinité surhumaine des 80's - extraordinaires scènes de discussion entre hommes hypertrophiés sur la construction et l'entretien de leur corps, de bronzage, coiffure, etc. -, le film naturalise encore mieux la souffrance actuelle de ces culturistes déchus, de ces figures qui renvoient à la fin d'une masculinité immuable, à laquelle ils ont eu la candeur de croire.

Objet d'un rite aussi désuet que son hard rock, rejetés par les femmes, ne pouvant plus assumer leur rôle de père ou de mari, le catcheur au grand cœur ne trouve sa place que dans le spectacle de la culture populaire (devenue presque folklorique ici) ou de masse (la figurine avec laquelle l'enfant joue, le jeu vidéo), en regard d'une société consumériste qui l'a déclassé, relégué au banc du supermarché.

A noter d'ailleurs que même la référence christique ne peut se faire qu'au travers de la culture de masse: The Passion de Gibson.


Frederico () a dit:
C'est marrant que tu fasses cette opposition Boxe-Catch, car le prochain film d'Aronovsky c'est The Fighter qui est un biopic sur un boxeur irlandais. Ça risque de former avec The Wrestler un diptyque intéressant.


Jean-Luc () a dit:
Dans un entretien dans Libération, Aronofsky a annoncé qu'il renonçait à the fighter, pour raison de trop grande proximité avec the wrestler.


Vincent () a dit:
A la fois très beau... et ennuyeux, car trop répétitif. Les scènes de combat avant tout sont particulièrement malvenues, trouvé-je. Un peu plus d'ellipses, de suggestion aurait dynamisé le film. Les séquences père-fille, également, sont plutôt mal écrites.
En revanche, des systématiques dans le filmage du personnage central intéressantes. Le rapport entre deux figures de spectacles populaires, voyeuristes et liés au corps "bas", est bien ficelé.


Frederico () a dit:
J'en connais un qui va commencer le mois de février en se prenant une descente du coude depuis la troisième corde!


Laurent () a dit:
la répétition, justement.
comme la vie.