Film: Revolutionary Road - Les noces rebelles

Frederico () a dit:
Je trouve le film régulièrement impressionnant, mais je suis tenu à distance par un ton plutôt suspect, mélange peut-être d'ironie et de moquerie qui manque singulièrement d'empathie avec les personnages (le "gag" final est à ce titre assez détestable), et par une intrigue finalement très datée, car si les enjeux centraux sont intemporels, les obstacles à surmonter n'ont plus grand chose à voir avec le monde contemporain. Où alors c'est un film pro choice qui brandit le spectre de '50s pour dire "plus jamais ça!".

Il faut noter que le personnage du mathématicien fou de lucidité (qui vaut à Michael Shannon une nomination pour l'Oscar du SiT'esVivantEtPasLeJokerT'asPasGagné) et un ajout du screenplay par rapport au roman original. Pour rééquilibrer la balance? Pour annoncer le score?

Random factoïd: Zoe Kazan qui joue la secrétaire est la petite fille d'Elia Kazan.




Laurent () a dit:
Tant à dire! Une très impressionnante machine cinématographique, complexe, ciselée, lourde, puissante. Certains cadres, d'une phénoménale théâtralité, certains changements de points de vue vous hanteront à jamais.

Décidément, film après film, Leonardo Di Caprio est en train de s'imposer comme le visage principal du cinéma américain contemporain.

Je cherche encore à savoir où se positionne vraiment le film, si l'on doit croire vraiment au projet d'évasion incarné par l'héroïne (amusant de voir comme cette œuvre se télescope avec les problématiques de Yes Man, sorti en même temps, Sign o' the Times?); ou si l'on nous expose une trajectoire pathétique qui échoue à force d'avoir transféré sa propre quête émancipatoire sur la vie de son compagnon. A réfléchir.



Vincent () a dit:
Jeu impeccable des deux acteurs principaux, de même que pour les seconds rôles. Une tonalité nettement plus intéressante que celle d'American Beauty pour traiter d'une thématique similaire. Ici, le cynisme a laissé sa place au tragique et à la nuance, l'homme et la femme étant pareillement aliénés, contraints dans leurs rôles sociaux. Magnifiques scènes pathétiques où le personnage joué par DiCaprio est confronté à des figures masculines qui minimisent la portée de son rêve fragile et agitent comme une carotte l'image du père et de sa fierté potentielle. J'ai été frappé également par les images (notamment au début) montrant la mécanisation de la société et le formatage des travailleurs... qui pour une fois font partie du secteur tertiaire. Horreur de tous ces chapeaux qui débarquent en ville par le même train...
Un bémol avec l'utilisation du mathématicien inadapté... ça fonctionne lors de la première séquence, mais la seconde est de trop, avec cette faculté de voir au-delà des apparences (le fou plus sage que les "sains" d'esprit... pfff...).