Voir ce James Bond c'est un peu comme se mettre dans la peau d'Augias découvrant ses écuries après le passage d'Hercule. Certes des choses ont étés emportées (adieu plan mégalo-tarabiscoté du bad guy, adieu gadgets, etc) mais on rédouvre aussi des choses qu'on croyait disparues à jamais (un scénario pas trop bancal? Des acteurs auquels on ose donner des dialogues car ils savent jouer? Ça alors!). Même l'abominable chanson titre est vite oubliée devant la bonne tenue de ce Bond. |
Hard bodies are back, and so is James!!! A propos, vous trouvez pas qu'on réanime souvent les coeurs dans les blockbusters contemporains! |
Quel gâchis! Certes 1: le couple Craig et Green fait frissonner. Certains de leurs échanges de regards bleu glacé touchent à l'absolu. Et le personnage principal n'a probablement jamais été aussi bien incarné, à la croisée du barbouze et du dandy. Vive Daniel Craig! Vivement le prochain Bond! Certes 2: la poursuite initiale fait partie des plus belles séquences d'action de l'histoire du cinéma. Dommage qu'on en reste là… Certes 3: l'éblouissant développement de la relation du couple susmentionné, où se joue d'une manière vraiment intense le rapport bouleversé entre les sexes à partir des catégories stéréotypées de genre, d'où ces merveilleux échanges initiaux de positions, du genre elle le sauve, elle le regarde, il est objectivé etc. Mais: dès l'installation au Monténégro, l'action, le suspense, le spectacle s'évaporent presque complètement pour laisser la place à une vulgaire partie de cartes sans aucun intérêt ni enjeu, incroyablement sous-interprété, rythmé, etc. Le soi-disant génie scandinave qui incarne le méchant n'est jamais mis en situation de nous convaincre de son talent (voir Adam's Apples pour en avoir une meilleure idée). D'une certaine façon, la présence pénible de Carlos Léal symbolise bien l'absence d'ambition de cette trop longue deuxième partie du film. La chanson de merde du (beau) générique en avait certes donné d'emblée le ton. Après le précédent Bond, chef d'œuvre grotesque, film somme de l'ère Brosnan, où l'excès blockbuster finissait par déconstruire l'identité même du héros, il fallait certes repartir sur de nouvelles bases épurées. Intention louable, mais de là à nous servir un spectacle aussi rudimentaire… |
Résumons: - Générique et chanson: nul - Cast: très bon (Craig, Eva, Carlos Leal..ahah) - Plot: bien car ne jouant pour une fois pas sur un argument techno-bullshit - Filmmaking: 1ère scène d'action fantastique; reste efficace sans plus Verdict: un très bon Bond qui vieillira mieux que les précédents (j'ai revu les Brosnan et ça a déjà pris un sérieux coup de vieux...) |
Vive les producteurs qui ont choisi Daniel Craig! on ne pouvait pas mieux tomber, enfin un agent secret à gueule de tueur! Et Eva Green... très bon cast, là aussi. Il faudrait compter le nombre de répliques dans le film... sa sobriété verbale, pour un film d'action, est une grande qualité (à comparer avec, par exemple Bad Boys II, pourri par des "lines" d'un niveau avoisinant celui d'un brin de gazon giflé par un ace de Goran Ivanisevic). Très intéressante représentation de la "construction de la masculinité" (cf. notre spécialiste maison de la question). Le machisme, les enjeux virils des premiers Bond, exploités uniquement à un premier degré, deviennent de plus en plus, et ici tout particulièrement, LA thématique de ces films, et c'est assez passionnant (voir cette scène d'anthologie de Bond nu, se faisant torturer par Le Chiffre...). Une petite déception vers la fin, où le film, tout d'un coup, se ramollit... mais en même temps que Bond; somme toute, la forme rejoint le fond, ce qui est peut-être encore à ajouter aux qualités structurelles du film. |