Film: Tous Ecrans 2015

Frederico (pas vu) a dit:
11 films récents, 1 sortis.




Ryuzo And His Seven Henchmen
Si dans cette comédie la mise en scène de Kitano est sobre et formatée comme dans ses Outrage, elle demeure très efficace. On ris beaucoup aux aventures de ce gang de vieux yakuza retraités qui reprend du service pour lutter contre les formes contemporaines de criminalité japonaise (l’idée étant que la loi ayant rendu illégal de se déclarer yakuza, des organisations criminelles s’affranchissent de l’étiquette, mais aussi des codes de conduite qui l’accompagnait).

Calcutta Detective
Imaginez un Sherlock Holmes Jr. de Guy Richie, mais à Calcutta durant la deuxième guerre mondiale alors que les japonais approchent. Une comédie d’investigation menée tambour battant et qui est une sort d’origin story pour le personnage de Byomkesh Bakshi créé par le romancier bengali Sharadindu Bandyopadhyay (32 histoires entre 1931 et 1969 - une des histoires a été adaptée au cinéma par Satyajit Ray en 67: Le Zoo). Une bonne surprise.




Trumbo
Bio assez rondement menée avec un bon cast. Deux truc étranges quand même: 1) Une certaine hétérogénéité dans le rapport à la représentation de l’Histoire (archives, reconstitution et fausses archives - acteurs ressemblant morphologiquement et d’autres non - jeu dans l’imitation pour certains, neutre pour d’autres et dans la caricature pour d’autres encore - personnages pour lesquels seul la représentation en archive est autorisée, d’autre qu’on ne verra pas). 2) Le discours final de Trumbo où il dit en gros que tous étaient victimes d’une époque est en porte-à-faux avec le film qui a clairement ses “méchants” sans rédemption possible.

The Assassin
HHH avec Shu Qi dans un film de sabre! La taïwanaise est toujours aussi belle, mais à part quelques idées de mise en scène (et pas tellement dans les rares scènes d’action), on s’ennuie ferme dans une histoire difficilement compréhensible (pluie de noms propres chinois faisant référence à des complots et secrets de famille qu’on ne voit pas à l’écran).

Office
Johnnie To nous fait une comédie musicale sur une entreprise de trading dans des décors super stylisés façon Dogville! On appréciera le côté contre-poison face aux comédies de richteaux chinois style Tiny Times, même si le discours n’est pas toujours reluisant. On reste un peu sur sa faim par contre avec la mise en scène et les numéros musicaux. Autre problème, le film est en 3D et je ne sais pas si c’était la technologie employée, la projection ou les lunettes, mais la qualité était bien piètre et sans utilité (à part peut-être sur la thématique de la facticité).

Eisenstein in Guanajuato
Greenaway continue sa carrière faite de projets étranges financés par des montages bizarroïdes et distribués de façon erratique. J’étais resté au très beau Nightwatching vu en 2008 et il y en a eu deux autres depuis avant ce premier volet d’une trilogie consacrée à Eisenstein (le deuxième sera sur le congrès du cinéma indépendant à La Sarraz!). Le film est porté par un Eisenstein volubile qui pontifie joyeusement sur tout et que Greenaway prend un malin plaisir à plonger dans le trivial, le vulgaire, l’obscène pour que des traits d’esprit viennent relier des notions a priori éloignées. L’exercice est jubilatoire, mais sur la longueur ça épuise. Formellement, Greenaway expérimente, s’amuse et offre notamment un plan séquence fait d’un long traveling latéral ou il profite de colonnades pour masquer digitalement les raccords et brouiller l’espace et le temps.


God Bless The Child
Des enfants abandonnés par leur mère et livrés à eux-même… Avec un tel pitch j’ai été pratiquement voir le film à reculons, ne comprenant pas très bien l’intérêt de faire un remake de Nobody Knows, mais ce God Bless The Child se déroule en fait sur une journée, laisse a priori une grande place à l’improvisation et est un truc sur la captation. Captation des gamins qui jouent entre eux, se bagarrent, dansent, se cherche des poux, dorlote comme l’aînée qui avec une patience infinie prend le rôle de mère de substitution, où insulte comme le puîné tous les gens qu’il croise avec une répartie aussi drôle qu'effrayante. Déçu en bien.




De l’ombre il y a
Gagnant de la compétition de long métrage cinéma. Un travesti français qui se prostitue au Cambodge recueil involontairement une fillette vendue à un réseau de prostitution. En filigrane, on enquête sur des khmers rouges. Co-auteur du film, l’acteur David D’Ingeo livre son corps en pâture à la caméra avec un abandon qui force le respect mais inspire aussi un certain malaise. D’autant qu’on demande à la très jeune actrice qui l’accompagne d’être au diapason… Au delà de ça, le film souffre fortement de son rapport problématique à la fiction, d’un côté on a peur de raconter, de trop dire, au point d’être à peine intelligible et de rendre les personnages insondables et de l’autre il y a du rocambolesque. Du coup c’est assez beau, assez fort… mais assez naze quand même.




Koza
Un ex boxeur olympique décrépit remet ses gants pour faire quelques combats miteux dans l’espoir de récolter des sous pour payer l’avortement de son épouse, car ils n’ont pas de quoi avoir un deuxième enfant. Un tout petit machin avec un humour tellement distancé et pince sans rire qu’on n’est pas certain d’être sensé rigoler...

Parabellum
Je ne sais pas ce que c’est le problème avec les lecteurs de Clausewitz, mais cette histoire d’argentins qui font un camp de survie au moment où la fin du monde survient est aussi soporifique que le ‘De la guerre’ de Bonello!

Occupy The Pool
Truc apparemment semi-documentaire, ce film genevois suit des fêtards / squateurs / désoeuvrés qui font vaguement le projet d’aller se baigner dans la picine d’un gars qu’ils connaissent vaguement. Ce qui donne lieu à un dernier tiers du film qui fait penser à L’Ange exterminateur de Buñuel, la bande décidant de ne pas toucher aux bords de la piscine, ils restent dedans durant tout un soir et toute une nuit. D’un inintérêt pratiquement total. Seules deux séquences et demi avec des personnages féminins, qui contrairement aux autres ont plus de deux de tension, m’ont tiré momentanément de la torpeur. Détail qui fait peur: 2015 et ils fument tous comme des pompiers. Le pire c’est qu’il y a même une sorte de gag avec des sales bourges friqués qui parlent des appartements qu’ils ont achetés et qui eux - les cons! - ne fument pas… n’importe quoi.




The Other Side
J’ai deux très gros problèmes avec ce documentaire qui suit en Louisiane un junkie/dealer et ses proches ainsi que des paramilitaires qui font des camps dans les bois pour être prêt pour l’inévitable et imminente arrivée de la tyrannie (ok...). Le premier c’est que si on peut dans un documentaire filmer des délits, peut-on filmer des crimes? Ici, le personnage principal fait une injection d’héroïne à une strip-teaseuse enceinte jusqu’aux yeux. Est-ce que ça serait hypocrite de ne pas le filmer ou est-ce qu’on ne flirt pas plutôt avec la non-assistance? Le deuxième, c’est qu’il filme les ébats du personnage principal avec sa copine. Comme tous les deux sont passablement limités et sont en permanence ivres et/ou shootés, c’est avec l’abus de faiblesse qu’on flirt. Il n’y a pas un moment où ils donnent l’impression qu’ils peuvent donner leur assentiment. Glauque.


Robert (?) a dit:
une fois de plus merci à Fred pour ses notes de festivals bien stimulantes !


Frederico (pas vu) a dit:
Avec plaisir! Enfin... presque: j'ai un draft de Udine qu'il faudrait que je post avant 2016...