2.5: difficile d'en parler sans en dire trop (même si tout le projet du film est déjà très explicite dans les lancements), alors SPOILERS droit devant.
Disons pour commencer que ce film est le parfait inverse complémentaire de Skyfall. Dans ce dernier, les enjeux symboliques nourrissaient l'intensité dramatique des tensions construites par le récit; alors que dans Spectre, c'est le contraire: les enjeux symboliques gouvernent tellement la logique narrative et iconographique du film (ces scénaristes sont quand même des malades de la surexploitation de la symbolique freudienne) que le récit en perd complètement sa gravité et son intensité. Ca n'enlève pas nécessairement le plaisir, mais ça le déplace, peut-être un peu trop du côté des "petits malins" (mais en même temps, n'est-ce pas là qu'a pratiquement toujours résidé le plaisir boudien). Donc, vous l'aurez aussi compris, là où Skyfall instiguait la question de la mère via un nécessaire détour par le dépouillement technologique (jusque dans la lande écossaise), Spectre explore la question du père via un surinvestissement des technologies phalliques high-tech ET vintage. Et là, tout y passe: hélicoptère, voitures, bateau, train, avion, c'est un peu ridicule mais aussi très hilarant (surtout dès lors qu'il s'agit de l'antagoniste, de ses petits cratères et de ses antres utérines...). Sans parler bien sûr de toutes ces coucheries avec maman avant ou après avoir tué papa, du visage invaginé de son mauvais papa (à quelques mètres de sa tour phallique) et de tous ces personnages qui ont les yeux crevés...
Enfin bon, le film est plutôt marrant même si un peu décevant; et Mendes continue d'offrir parmi les plus beaux cadrages du cinéma actuel. |