Pas vu en IMAX 3D mais en Digital 3D sur un écran de taille normale... Il y a pas mal de problèmes en fait dans ce film, le plus gros est que le processus technique dessert le film bien plus qu'il ne le sert. L'image stéréoscopique pousse le Dr Z à faire un bon million de plans bullshit au possible. C'est bien sot, car régulièrement dans les scènes plus sobres il prouve qu'il sait faire d'habiles scénographies avec des personnages qui se dévoilent ou entrent dans le cadre grâce à un travelling arrière (la présentation de la corne à Beowulf avec la reine au premier plan). On peut également débattre sur la qualité du procédé, car il me semble qu'une sorte de malaise ne s'efface jamais, sans doute dû au fait qu'il y a conflit entre la distance perçue des objets (liée à la différence entre ce que voient les deux yeux) et leur distance effective (l'immuable distance entre le spectateur et l'écran). Ainsi, si dans le monde réel focaliser son regard sur un élément lointain rend l'avant plan flou, en digital 3D l'avant plan reste net. Cette bâtardisation est techniquement insurmontable. De plus, ça rend certains effets de montage, comme des champs contre-champs en plan large complètement désorientant (je pense entre autres au moment où Grendel est encore à la porte du hall). Ce n'est pas pour rien que le Dr Z démultiplie les caméras subjectives ou pseudo-subjectives. Outre l'image stéréoscopique, il y a également le simple fait que le film est entièrement en image de synthèse. Et là un double problème apparaît: la fascination du Dr Z pour les prouesses techniques de son équipe et les choses qu'ils n'arrivent pas à faire mais qu'ils montrent quand même. Dans les deux cas on est brutalement sorti du film. Quand on tire un bateau sur une plage de galets, moi je vois une très impressionnante pile d'équations, pas le débarquement de Beowulf. Quand on jette de la paille sur le sol du hall (ce qu'il faut montrer en narration Hollywoodienne classique pour préparer le moment où Beowulf y mettra le feu) on dirait plutôt qu'une super partie de Mikado est sur le point de commencer. Le galop des chevaux gagne le prix du dégueulasse et la mer lors du défi du faiblard envahisseur et soit tellement réussie que ça fait désordre, soit elle n'est pas en images de synthèse! Toutes ces choses sont autant d'éléments perturbateurs qui nous empêche de rentrer dans le récit (qui par ailleurs est problématique cf plus loin), sans même parler d'une anachronique sorcière en talon aiguille et rouge à lèvres (gender studies fans: have a field trip!). Pour clore le chapitre de l'image de synthèse, il y a en outre un autre très gros os. De l'action en image de synthèse, il y a un autre média qui fait ça à longueur d'année: les jeux vidéo. Et bien le Cratos de God of War 2 ou le Wander de Shadow of the Colossus font passer ce Beowulf pour un petit, mais alors un tout petit ziquet. Question récit, il y a quand même un énorme problème. On nous présente une sorte de cyclicité: les héros se suivent et sont également corrompus... du coup... pourquoi nous parle-t-on de Beowulf et pas de son prédécesseur ou de son successeur? Et sur l'idée de la volonté d'inscrire son nom dans la légende, Troy est largement plus fort. TROY! C'est dire... Je mets quand même une étoile pour l'effort. |
Ok, ok, passons vite sur l'étoile que je suis contraint de soustraire en raison de l'échec esthétique partiel de la "motion capture" pour insister sur l'audace de ce film sexué, païen et violent, la rencontre entre Sisyphe et Oedipe formulée de façon à faire concurrence au mythe christique en vogue de l'époque, le tout situé dans un espace minimaliste compris entre la citadelle surplombante et la montagne fendue. Scénario ultra-torché, casting mega classe, score qui déchire ta race, "mouvements d'appareil" élégants du Dr. Z,... et une 3D que j'appelle encore de mes voeux tant j'aurais aimé le découvrir dans ces conditions (au lieu de la salle toute pourrie du Forum des Halles). Concernant la 3D, sans vouloir être trop simplificateur, on peut résolument se demander si, motivée par l'arrivée de nouvelles conditions de visionnement domestiques (HD, LCD, Plasma), l'industrie hollywoodienne n'est pas rentrée dans une phase d'expérimentation technique et esthétique, à la recherche d'une nouvelle puissance attractionnelle. Quatre grosses productions 3D sont actuellement en tournage, dont le prochain Cameron... à suivre donc. |
Pour le score sublime de Silvestri, les brillantes séquences d'action, le côté adulte du tout… mais qu'est-ce que c'est dègue ces bonhommes! |
Le film a été complétement pensé pour être projeté en 3D donc je ne sais pas s'il peut fonctionner en 2D. Certaines scènes sont assez impressionantes - attaque des monstres marins, combat final contre le dragon - mais d'autres beaucoup moins convainquantes, comme le combat contre Grendel par exemple. La motion capture est par contre souvent assez ratée dans les scènes de discussion entre les personnages. Surtout quand l'on sait que chaque minute de ce processus coûte 1 million de dollars... L'humour grivois nuit vraiment à l'atmosphère générale du film et dans la salle où je l'ai vu les gens ont rigolé pendant toute la séance Sinon le scripte de Gaiman/Avary est assez intéressant dans la mesure où il questionne la légende originale elle-même en montrant comment Boewulf se fabrique son propre mythe sur des mensonges (nombres de monstres marins tués, meutre de la mère démon) Soyons fou ! Une étoile de plus pour Angelina nue, et en talons aiguilles organiques, en 3D et faisant plus de 10 mètres de haut. Comme pour Beowulf cette créature peuple désormais mes rèves... |