Il y a là indéniablement une certaine ampleure malgré un traitement anti-dramatique à souhait. Reste deux malaises, celui d'un personnage à jamais insondable et celui d'un mélange toujours un peu obscène entre la grande et la petite histoire. |
Les remarques de Vincent m'incitent à y aller de mon petit commentaire: Je m'accorde dans l'ensemble avec son point de vue, cela aurait pu très bien s'appeler "Mon père, ce zéro" ou "L’échec, de père en fils"... Et il y a en effet une sorte de concurrence intertextuelle entre le propos tenu par le film sur le personnage interprété par Matt Damon, propos essentiellement développé via les axes socioprofessionnels et la relation père-fils, et l'image de la star, autre récit, édifié par l'acteur au fil de sa carrière riche de diplômes et de rôles de jeune prodige incorruptible "Good Will Hunting", "The Rainmaker", "The legend of Bagger Vance", les "Ocean" et la série des "Bourn" ou encore "Syriana"... Le travail sur les connotations de genre est aussi assez remarquable, d'abord travesti, le personnage devient peu à peu Mother, reconduisant à son insu les erreurs de son père dont il n'a pas pris la peine d'apprendre (et que son fils répètera à coup sûr). Dommage qu’il n’y ait finalement là qu’une fable tragique sur l'écrasement de l'individu masculin par le système étatique, le broyage qui conduit à l'effacement de sa singularité par ces uniformes (chapeau/imperméable) et ces corridors anonymisants. Quid d’une réflexion sur la raison d’Etat (titre français), sur les élites ou la vanité dans le cadre du pouvoir? Décentré au plan narratif "13 Days" était à cet égard plus intéressant et palpitant. Autrement, le film est plutôt plaisant à suivre, passionnant par moment, mais un peu long. |
Plutôt deux et demi. Vu le lendemain du film allemand sur la Stasi, les deux films travaillent la même idée de la solitude des espions, qui sont finalement des fonctionnaires triste et grisâtres. Cela a déjà été vu dans L'espion qui venait du froid certes mais crée une mélancolie assez intéressante. De plus les deux films partagent une actrice. |
Comme je vous l'ai dit, le Parrain chez les WASP… 3 1/2 à cause de la partie allemande, un poil moins intense… |
Un peu long, tout de même, c'est la critique principale. Interprétation de Matt Damon qui m'a beaucoup convaincu. On a le sentiment que, tout au long du film, son corps se compresse de plus en plus; un jeu effarant de retenue. Ce qui m'a intéressé, c'est qu'on nous donne une sorte de biopic d'un gars dont on ne cesse de nous dire que c'est une pointure, mais dont on ne représente que les échecs successifs, sur tous les plans (Mother se fait quand même sacrément baiser la face par Ulysses, à plusieurs reprises). |