Film: Curse of the Golden Flower - La cité interdite

Frederico () a dit:
Je sur-note un poil cette fois. Si on n'est jamais véritablement embalé ou ému, il y a quelque chose d'assez fort sur la surenchère à tous les niveaux et sur la violence et la "badassitude" de l'action. En prime, solanité et complots est un mélange très aléchant à mes yeux, mais malgré tout je reste un poil sur ma faim: le grand plan de l'impératice restant pour le moins obscure. Même pour le scénariste j'en ai bien peur.


Laurent () a dit:
Dommage de ne pas avoir tenu le même niveau sur toute l'œuvre…
quelques passages «zoli blockbuster-valorisation du patrimoine-soupe à la flûte synth-champs-contrechamps basiques» décidément trop familiaux pour moi.

Par contre, quel traitement de l'espace scénique! L'effacement, voire la nullité des passages en extérieur (ninjas Spidermen hyperfaiblards, combats mollassons, vite expédiés, on a peine à croire que ce type a réalisé son précédent masterpiece) vise en réalité à focaliser l'attention sur les espaces de confrontation propres à la Cité, les intérieurs kitsch-rutilants d'abord, où se déploient les gestes rituels (extraordinaires prises de boisson, célébration de la Fete des Chrysanthèmes), la cour de la Cité ensuite (surtout!), une scène qui se réagence en fonction des mutations de l'action, entre le stade pseudo-olympique de la grande époque de la Rév Culturelle - ses ornements de masse - et l'espace de jeu permutable-extensif du grand spectacle mélodramatique, voire opératique, revisité jeu vidéo bien sûr.

Tout cela prend son sens dans la fin, proprement hallucinante: l'Empereur se révèle maître du jeu, réglant lui-même le massacre final de sa famille (avec l'aide des Ninja Spidermen dont on comprend cette fois la fonction «ex-machinale» : ils apparaissent/disparaissent sur un signe de leur maître, comme une extension du décor) alors qu'au dehors les troupes évoluent, niveau de la foule massifiée qui ne fait que refléter/amplifier graphiquement les gestes fondamentaux des monarques individuels - comme les griffes de métal qui prolongent les ongles de Gong Li. Abominable vision politique, parfaitement transmise.

Ne serait-ce que pour le plan génialissime, cadré en grand ensemble, où l'Empereur, vu de dos, ricane en frappant le cadavre ensanglanté de son fils d'un énième coup de ceinture…


Robert () a dit:
1986: Chow Yun Fat met son manteau dans A Better Tomorrow

2007: Chuo Yun Fat enlève sa cape dans Curse of the Golden Flower

Toujours avec la même cinégénie, mais une page s'est pourtant tournée:

l'exhubérant artisanat de Hong Kong a fait place à l'industrie chinoise policée.

Les fulgurances d'hier sont réduites aujourd'hui à une belle vitrine technologique mais sans véritable âme.

Tsui Hark forever.



Vincent () a dit:
Pas vraiment d'avis sur ce film... Travail sur le son assez intrigant. Beau respect de la règle des trois unités, Racine serait bluffé... Et final plutôt ahurissant, notamment par la séquence de "nettoyage", et hop, rien ne s'est passé. Et si quand même, y a plus un seul fils debout en fin de compte...
Mais bon, les flying daggers, ça avait quand même autrement de la gueule. D'ailleurs, Gong Li la tire un peu trop, je trouve.