Film: The Illusionist

Frederico () a dit:
Un film bien tenu malgré un dénouement prévisible. Belle musique et beau jeu, comme le signal Vincent, mais à cela j'ajoute très belle photo.


Laurent () a dit:
Etrange déséquilibre, sur tous les plans:

la photo est partagée entre un vrai sens de la composition, du dynamisme et des effets filtreux jaunasses sans âme…

du jeu des acteurs, à l'exception de Giamatti, se dégage une certaine solennité ennuyée, dont on peut se demander si elle est réellement recherchée (Norton est par exemple incroyablement morne et dénué de charisme, ce qui ne fonctionne pas toujours dans le sens de son personnage - formidable arnaqueur se faisant passer pour un sorcier).

bref, on touche à la fois au sublime (les trucs sur scène, la poursuite finale dans les rues de Vienne, plus généralement toutes les mises en musique glassienne qui refusent de souligner autrement que par des changements presque imperceptibles de volume ou de motifs) et au mélo gentillet (la vision étriquée de la politique via le rapport Crown Prince-Chief Inspector; la niaiserie du flash back initial…)

Finalement, ce déséquilibre renvoie à celui qui fonde la diégèse; je rejoins Vincent: tout est fait pour nous interdire de croire que tous les effets fabuleux produits par Eisenheim sont de l'ordre du trick mécanique. Et sur ce plan, le déni du cinématographe (petite scène gag au milieu du film) paraît une bien mauvaise joke réflexive, puisque c'est bien le cinéma, numérique cette fois, qui produit effectivement toutes ces merveilles sous nos yeux.

Le plus étonnant, après The Prestige, c'est que le parangon de tous ces magiciens 1900 n'ait pas encore donné lieu à un film, alors que tant de livres viennent de paraître autour de sa vie, de son influence, de sa disparition mystérieuse, etc.
En effet, à quand un Houdini?





Vincent () a dit:
Dans le registre de la magie, nettement moins ambitieux que "The Prestige"; ça me fait penser à ces films d'arnaqueurs, qui mettent en place une série d'écrans de fumée qu'il s'agit étape après étape de percer.
Interprétation très juste, en revanche. Peu de pathos (j'aime assez), de la retenue... Un aspect également assez intrigant: on semble nous expliquer certains phénomènes (Eisenheim joue avec une lanterne dans un mini-plan, référence aux projections holographiques), et en même temps il reste une grosse part de mystère (et le tour de l'épée collée au sol, chez le prince héritier, hein, comment il fait ça?). Idem pour le dénouement, qui nous est donné comme imaginé par le chef de la police, sans qu'un regard surplombant ne vienne confirmer cela...

Et la musique. Glass, encore! Comme dans "Notes on a scandal", elle participe vraiment de la dynamique du récit. A nouveau avec un film où une voix narrative "over" prend souvent le relais... C'est un dispositif qui fonctionne, trouvé-je.