Film: Tokyo!

Frederico () a dit:
Film à sketchs.

Interior Design par Michel Gondry: **

Sorte de réponse à Lost In Translation (film sur la distance qui se crée entre Gondry et Coppola lors d'un voyage au Japon). Ici, on suit un couple de provinciaux qui "montent" à Tokyo. Lui fait des films de SF fauchés et bricolés, elle est artiste en hiatus permanent. Se sentant progressivement rejetée et gênante elle finit par se transformer en chaise (encore un grand film féministe!). Le tout est filmé caméra au poing avec une jolie énergie et toujours l'inventivité qui caractérise Gondry (plan-séquence de walking & talking dans la rue, discussions dans un appartement minuscule, jeux avec le hors champs pour les transformations du personnage principal, grosse bricole pour les films du gars...). Pris en soit, le film est plutôt réussi, mais mis dans le contexte de la relation entre Gondry et Coppola, il y a un petit parfum d'amertume assez désagréable et assez atypique dans la douce cuisine du français.

Merde par Leos Carax: *

Sur des musiques de Godzilla, un hyper-étranger pour les japonais (roux, barbu, sale, sans-gène, parlant une langue incompréhensible) jailli des égouts et sème le chaos en mangeant de l'argent et des fleurs qui sont le symbole impérial. Dans les métaphoriques sous-terrains de la ville farcis de reliques de la deuxième guerre mondiale, il trouve une caisse de grenades sous une inscription à la gloire des héros japonais tombés à Nankin et va faire un massacre. S'ensuit son arrestation et une séquence interminable de procès en multi-split-screen et de guignoleries entre Lavant et Balmer (seul à parler la langue de Merde - c'est son nom - faite de borborygmes et de gesticulations).

Carax semble en guerre contre la subtilité dans cette farce grossière. Il est sans doute légitime de faire une charge contre la mauvaise conscience japonaise qu'eux-même ne confrontent pratiquement jamais (à la fois on n'a toujours pas vu ce United Red Army de Wakamatsu sorti en 2007), mais peut-être aurait-il fallût, si ce n'est prendre des pincettes, faire preuve de plus de subtilité. Carax ne semble pas être de cette avis et je concède qu'il n'a pas forcément tors, mais çela n'empêche pas son exercice d'être très inégal et de flirter dangereusement avec le crétin.

Shaking Tokyo de Bong Joon-ho: ***

Je dois avouer que j'ai bien de la peine à me souvenir des noms coréens. Comme j'imagine que je ne suis pas le seul, Bong Joon-ho c'est donc le réalisateur, entre autre, de Memories of a Murder et de The Host. Ici il réussit le tour de force de mêler un fait de société japonais (les gens qui vivent enfermés chez eux), un fait géologique (les tremblements de terre étrangement peu présents dans les fictions japonaises), la prise à contre-pied de tartes à la crème de la représentation de Tokyo et une certaine drôlerie... pas mal pour un petit film romantique de 40 minutes!

Note finale: 6/3 = 2.