Film: Max Payne

Frederico () a dit:
Le film à une façon à la fois assez classe et complètement minable... c'est très étrange. Le mélange entre l'esthétique pluie/nuit/neige, la froide corporation médicale, les back-rooms pour junkies, les hallucinations, le(s) deuil(s) et l'enquête qui avance par bons sans qu'on y comprenne grand chose donne un climat vraiment pesant au film, un certain souffle classique (Bladerunner meets Chinatown?), mais de pesant il devient souvent lourdingue, la faute surtout à des personnages secondaires inutiles et sans consistance (la soeur, le boeuf-carotte) et des scènes d'action qui virent régulièrement au débile.

Très étrange... comme de choisir Nelly Furtado pour faire un cameo en veuve éplorée.

Je surnote au final pour la faconde d'Olga.
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Commentaire: pre-visionnement:

Il faut signaler qu'il s'agit d'une adaptation de jeu vidéo. Le tour de force, semble-t-il (je n'ai pas fait le jeu ni vu le film), c'est qu'au lieu d'adapter fidèlement le très bon scénario mystico-néo-noir du jeu, il l'on passé à la moulinette du grand n'importe quoi.

Au passage, les finlandais de Remedy Entertainment planchent depuis plusieurs années sur un nouveau titre: Alan Wake. Le sujet? Un romancier insomniaque se retire dans le mid-west pour écrire et il commence à avoir des hallucinations. Du néo-King peut-être?


Laurent () a dit:
Nul lieu de se lamenter, mes frères grottiniens, sur l'état désastreux de la programmation romande : le bon film de merde américain n'est pas encore mort complètement!

Je veux bien sûr parler de cette bonne vieille formule (au sens des bistro français), celle d'une production cinématographique dénuée de tout intérêt au plan narratif et symbolique (les pervers se pencheront peut-être sur la vacuité fascinante qui émerge d'une menace limitée à des hallucinations; ou sur le saupoudrage paranoïaque anti-militaro/industriel de service) mais dégageant le charme ineffable de la production en série et des subtiles variations et recyclages propres à de tels objets usinés et dénués de toute âme. On observera alors avec une distance bienveillante la suture improbable des références visuelles : continuum polar-pluie-néon de chez Eighties; pétarades HK de chez Nineties; design post-Miller de chez Today's Fashion.

Mais c'est plus profondément encore, dans la permanence de certaines présences, que peuvent surgir les souvenirs de la plénitude “classique” offerte, il y a bien longtemps, par les studios hollywoodiens : celui de retrouver un protagoniste attachant (encore Mark Wahlberg, bientôt parvenu au terme de son irréversible procès de mutation vandamique!); un score électro-symphonique d'anthologie (putain j'y croyais pas en découvrant le générique de fin: encore Marco Beltrami!!!) et un bien joli… minois (encore Olga K., qui chaloupe toujours aussi élégamment dans le cadre)… Alors qu'elle nous avait parue insignifiante dans ses premières apparitions au sein du thriller frouze para-bessonien (misérable Serpent; haïssable Hitman…), cette créature impose d'ailleurs peu à peu l'alliage particulier de son imparable déhanchement mécanique et de la grâce de ses expressions mi-ombrageuses, mi-chafouines (comme une version slave et anguleuse avant l'heure de la jeune Sophie Marceau). Un siècle après les Ballets Russes, le croisement a priori redoutable entre les nouvelles fabriques à canons de l'Est et les vestiges un peu désuets d'une certaine féminité parisienne va-t-elle faire émerger une nouvelle étoile? Il est encore bien trop tôt, certes, mais le trouble est indéniable.