Ça m'a semblé beaucoup moins intéressant que le premier épisode. J'ai aussi longtemps attendu son évasion du bureau d'un juge Marseillais, mas j'avais confondu avec Albert Spaggiari! Aussi membre de l'OAS d'ailleurs... |
La combinaison des deux métrages mériterait un peu plus que deux petites étoiles, ne serait-ce que pour la qualité des valeurs de production, du montage, du score, de l'interprétation (formidable Mathieu Amalric en François Besse), mais j'hésite encore un peu. Au final, ce second volet clos une œuvre qui me semble incroyablement proche de l'image de son protagoniste: très médiatique, partagé entre des coups de gueule et des coups de force, mais dénué de vraies convictions, d'un discours pertinent (à l'instar du contraste que montre sa collaboration avec Charlie Bauer). Alors, bien entendu, le film s'amuse ça et là de références au sentiment d'insécurité (les années Chirac) pour finir par s'émouvoir de la perte du pouvoir d'achat (la transition sarkoziste), mais rien de bien palpitant là non plus. D'autant que, comme son prédécesseur, L'Ennemi public n°1 se désintéresse presque complètement du contexte social, politique ou économique de l'époque. Même impasse donc du côté de la psychologie du personnage, qui s'avère ne pas en être une, comme par exemple dans le cadre du rapport aux femmes posé par la scène de la Guerre d'Algérie, qui est tour à tour confirmé et invalidé à plusieurs reprises par les comportements de Mesrine. A ce titre, seul subsiste l’inlassable attachement à un code d’honneur bien viril, que le film feint de croire tombé en désuétude. Outre l'esquisse du commissaire Broussard, il manque en fait le développement du point de vue policier, qui aurait donné une vraie force au moment de confrontation (physique et médiatique), mais surtout à la scène finale qui, du coup, apparaît plus comme un passage obligé. Je suis curieux de connaître vos avis. |
Indéniable cran en dessous du premier volet. Le film perd pourtant en flamboyance ce qu'il gagne en cohérence: finie la confrontation épique des genres et des registres, place au polar hard-boiled sur Meurthe et Moselle! Quant aux contradictions du héros, elles tendent à se fondre dans un mouvement de politisation et de radicalisation progressive. Un mouvement qui pose d'ailleurs problème vis-à-vis de la démarche véritable du gangster, et que signale paradoxalement la subtile évocation récurrente du contexte par sa scansion télévisuelle, aussi superficielle que le rapport de Mesrine à cette dimension militante. Que posent aussi, soyons juste avec ce film, certaines séquences où on laisse les visages de ses interlocuteurs remettre en cause cette politisation du discours mesrinien (le vieux milliardaire qui se moque de lui, la journaliste qui esquisse un sourire - dans ce dernier exemple, cette mise à distance est en outre renforcée par la discontinuité du montage qui juxtapose cut les déclarations tonitruantes du bandit) Le plus problématique du film, c'est l'interprétation: la série impressionnante de seconds rôles grimés à mort nous font regretter le Gégé du premier film: celui-ci était caricatural mais bien développé: ici, à cause de la volonté de privilégier l'action et les moments forts de l'action de Mesrine, le supporting cast a rarement autant mérité son nom: toutes ces apparitions, pour certaines aux limites du caméo, se résument à des postures de faire-valoir, y compris un bien terne Amalric (décidément en chute libre depuis quelques films… deux-trois regards fous et puis s'en vont). Gourmet porte bien le collier de barbe, Ludivine fait bien sa bimbo amourachée, Lanvin fait bien l'assent, mais aucun n'a vraiment le temps de construire une performance digne de ce nom, tant le film est orienté vers la sacralisation de Vincent Cassel qui, lui, a vraiment la scène totalement ouverte pour lui. Et c'est là que le film trouve sa force principale: dépassant encore les variations grotesques du premier film, Cassel déchire complètement, dégage une telle présence physique (merveilleux grimages inspirés au détail près des photos laissées par Mesrine qui vont jusqu'à l'intégration d'un bide très réaliste qui apporte une densité spectaculaire à la silhouette massive de l'acteur). L'alternance de fantaisie seigneuriale, de bonhomie naïve et de brutalité sourde que déploie Cassel dans le film est juste bouleversante. PS Suite de l'imbroglio autour de l'Instinct de mort, le roman de Mesrine adapté par Richet dans le premier volet, texte mythologique où l'auteur s'attribue des crimes qu'il n'a pas commis - et que suit pourtant Richet comme pour donner une image plus brutale de son héros. Eh bien, dans le deuxième film, le personnage n'est plus le même: plus sympathique, un peu plus sincère politiquement, et il se moque même du livre qu'il a écrit («Les gens ils aiment bien quand il y a de l'action… alors j'en ai rajouté») Cette phrase résonne dès lors comme un écho au premier film, intense et improbable suture de références empruntées à l'histoire du cinéma, et met en évidence tout ce qui sépare cette première vision de Mesrine de celle de l'Ennemi Public Numéro Un. Pour ma part, j'ai été un peu déçu que la face sombre de Mesrine,traduites en innombrables coups d'éclat plus violents, ait été laissée de côté (à l'exception, évidemment, du massacre du journaliste de Minute, qui sert le mouvement du film vers la radicalité politique). Ainsi certaines de ses prises d'otage, particulièrement odieuses, sont-elles occultées au profit de l'enlèvement bon enfant du vieux milliardaire. Reconnaissons enfin que les deux films se répondent magnifiquement, sur de nombreux points : la relation avec Sylvia opère la synthèse des deux précédentes femmes; la torture algérienne (complètement inventée) fait écho à celle du journaliste d'extrême droite; surtout: la scène d'ouverture est reprise, cette fois sous le point de vue policier, pour un nouveau morceau de bravoure (si seulement tout le film avait choisi de creuser, voire de privilégier cet angle-là, celui de la police, ou plutôt uniquement celui du commissaire Broussard!; et si les séquences d'action avaient possédé le même sens de la dilatation et de la tension que cet éblouissant finale!). Réponse au texte de FRED avant d'avoir vu le film: Il y a bien une scène du genre dans l'histoire de Mesrine: c'est le tribunal de Compiègne d'où le brigand s'échappe en prenant en otage le juge, grâce à un gun planqué dans les chiottes pau son fidèle comparse (Argoin il me semble)! Donc, ça n'est pas dans le film? Grosse déception, alors! Le point commun avec Spaggiari, c'est moins l'OAS que le goût des farces médiatiques, des moumoutes, de la frime cigares et filles voyantes… NDFred: Le fuite du tribunal est dans le film. Je pense en effet que le mélange que j'ai fait entre Spaggiari (dont j'avais vu un gros bout du "Faites entrer l'accusé") et Mesrine vient des déguisements et de l'ego surdimensionné. |