Vu en avant-première la semaine passée, en présence de Cantet. Excellent film, très enthousiasmant à de nombreux égards, même si un petit cran en dessous de L'Emploi du temps. Le film insiste p-ê un peu trop sur la dimension carcérale de l'établissement scolaire, même si c'est aussi, paradoxalement, la force de son propos. Autrement, vraiment classe, hilarant par moment, touchant par d'autres, très construit au niveau du discours, des cadrages et de la hiérarchie que le montage établit entre les différents types de protagonistes. Réflexion intéressante sur la réciprocité de l'influence créée par ce cadre scolaire, la part de porosité qu'il y avoir dans l'influence des différents acteurs les uns sur les autres, ou encore sur l'école comme lieu emblématique (fondateur?) de l'asymétrie des rapports de pouvoir dans nos sociétés. Il faut toutefois se presser d'ignorer un grand nombre de choses qui seront dites sur ce film, tant il se prête bien à toute entreprise de récupération "de la rentrée", que ce soit au plan sociologique, pédagogique ou politique... |
Surtout pour les scènes entre Bégaudeau et ses élèves. Je tiens à rassurer mes amis grottiniens qui seraient inquiets pour ma santé mentale: mes élèves et mes conditions de travail sont très éloignés de ce que vous pouvez voir dans ce film. La scène de comédie qui m'a le plus fait rire cette année: le dialogue des profs sur la machine à café (professional private joke I guess). |
Décidément le documentaire rejoué (d'une manière ou d'une autre) est tendance cette année, après Bachir. Finalement beaucoup plus proche de l'univers désespéré de Cantet que je ne le prévoyais: quelle image glauque du monde du travail (la remarque finale de l'élève qui dit n'avoir strictement rien appris, l'absence de réel héroïsme - personne ne peut sauver Souleymane, etc.) Les gesticulations verbales des profs dans leurs conciliabules ne valent en fin de compte pas plus que les parties de foot ou les chamailleries des élèves dans la cour. Cantet, le maître du vertige, voire du vide. |