Ça se laisse regarder, mais rien ne m'a véritablement impressionné. Je suis surpris des commentaires sur le montage car moi ce qui m'a surtout sauté aux yeux c'est des trucs comme l'atroce faux raccord quand Cain vient voir Bale qui se raccommode, l'emploi de stock footage de la scène d'action à moto pour illustrer bien plus tard les déplacements de Batman ou encore les plans de Ledger montés tête-bêche dans sa discussion finale avec Bale. Ça aurait été bien plus fort de les laisser tels-quels pour souligner encore plus l'opposition des deux personnages, mais, j'accorde le bénéfice du doute à Nolan, peut-être que ça ne fonctionnait pas au montage et que c'est pour ça qu'ils les ont inversés. |
Vu à Singapour dimanche (dans une salle au son qui déchirait sa race!). Ce n'est malheureusement pas le chef-d'œuvre annoncé, mais un excellent film quand même, très nettement supérieur au précédent, même s'il en conserve son désintérêt pour les personnages féminins, pour la mise en image des combats à mains nues et sa fascination pour l'homosocialité masculine. C'est surtout la fin qui me pose problème, notamment sur le plan de l'action et le discours contradictoire au sujet des "masses", prises entre idéalisme et cynisme. Si la population est décrite d'une part comme étant capable de "bon sens" et d'empathie, le film insiste d'autre part sur la nécessité de la garder dans l'ignorance de la complexité du réel en lui érigeant des icônes lisses, lavées de toute ambiguïté. Le tout s'inscrivant dans un plaidoyer très "Patriot Act" assez infecte... Autrement, l'ensemble du film est vraiment classe, clairement placé sous le sceau de l'Amérique post 11 septembre, que ce soit au plan de l'imagerie (ruines, incendies, explosions d'immeubles, pompiers, ambulances, intimidations télévisuelles, etc.) ou de la thématique (réflexion sur le terrorisme, les limites de la force légitime, la torture, la télésurveillance, etc.), au point où Gotham City apparaît maintenant nettement comme étant NY. Il y a d'ailleurs quelques chose d'assez surréaliste à se balader dans Singapour le soir, à la sortie de ce film: le côté ultramoderne de la ville, avec ses grattes-ciels de styles très différents, renvoie tellement à l'univers urbain de Batman, qu'on croirait déambuler dans la diégèse... Enfin, le montage est assez bien foutu, les dialogues sont torchés et la progression dramatique exemplaire. Il y a peu de scènes d'action, mais certaines cascades sont assez impressionnantes. Au rayon des regrets généraux, j'ajouterais qu'il est dommage que Nolan tiennent autant à serrer ses plans, particulièrement dans les scènes de dialogues où l'ampleur et la profondeur de champ des décors en pâtissent. --- Une seconde vision du film me pousse à passer la note à 3.5: les défauts sont identiques, en particulier le discours, mais amplement compensés par les qualités du film. Je pense notamment à l'excellence du scénario et l'intelligence avec laquelle il manie ses motifs, au jeu des interprètes (Bale, Eckart et Ledger en tête). J'ai aussi été frappé par le traitement sonore et l'évolution des cadrages... |
Un et demi. Trop long, bavard, répétitif, parfois un peu fastidieux dans sa dialectique du bien et du mal. Pour moi, il manque également un univers visuel et architectural, je regrette que Gotham ressemble à une mégalopole américaine classique. Je ne connais pas du tout les comics, mais je trouve que le gothique des burton convenait bien à l'aspect torturé des personnages. Quant à la performance de Heath Ledger, si Johnny Depp ne pose pas plainte pour plagiat, je n'y comprend plus rien... |
En fait, le film oscille entre quelques séquences assez quelconques (un hold-up petit malin, un dialogue soupe au restaurant, Freeman, un tunnel final sentimental avec Oldman…) et… une œuvre singulière, entre mélancolie, grotesque et fureur, dont la tension, incroyablement bien portée par la trajectoire critique et désespérée du Ledger-Joker (une performance vraiment à la hauteur des attentes, qui entrera pour sûr dans la légende), ne cesse de s'amplifier jusqu'à en devenir vertigineuse! Quelle émotion en effet de voir, peu à peu, un film hollywoodien imposer une forme aussi rigoureuse et adulte (surtout avec un sujet pareil)! Et quelle belle utilisation de la musique, avec ses interventions brèves, incisives et qui oscillent entre des déchaînements de cuivres et des déchirements en dissonances…Et surtout, la problématique philosophique-politique y est, pour une fois, vraiment traitée!!! Sans aucun doute le meilleur film de super héros (dépassant même les quelques sommets plastiques atteints dans le Hulk d'Ang Lee), tant on a compris là, enfin, que rendre ces personnages de comics “humains“ ne doit pas passer par de la psycho à deux balles, mais par la confrontation de forces fondamentales - tout le discours élaboré par le Joker en somme. |
Deux et demi. Un peu long et, parfois, un peu trop démonstratif à mon goût dans son discours, quand bien même je le trouve intéressant. J'aime l'idée d'avoir fait du Joker une force destructrice sans histoire (qui raconte une fiction sur ses cicatrices adaptée à chaque interlocuteur), face à un héros à la fois pris dans son histoire (l'amour, et les parents comme motif de vengeance, oublié ici) et également sans histoire (Bruce Wayne est une coquille vide). Batman et le Joker sont en effet "immortels", comme le souligne le second, car ils échappent au temps. Bon je pense que les scènes en IMAX doivent être de la balle... J'ai repéré celle à Hong Kong... hormis la netteté de l'image, la variété de la palette des couleurs... je ne vois pas trop l'intérêt ici. P.S. du 29 septembre: je viens de revoir par hasard un épisode de la série Disney "Zorro", où le héros se dit au début qu'il va peut-être enfin pouvoir abandonner son habit noir et son masque, car un nouveau général intègre et juste fait son arrivée en ville. Or celui-ci se fait abattre à peine 5 minutes après être arrivé à Los Angeles... et voilà-t-y pas que Zorro doit se remettre en selle... marrant comme les scénarios peuvent parfois se catapulter les uns sur les autres... |