Je me surprends moi-même à finalement noter pas si mal ce film qui m'a, le plus souvent, fait complètement horreur au plan de son montage hyper saccadé, de ses effets de split-screen, de ses choix musicaux tonitruants: autant de bonnes idées potentielles mais ici d'une vulgarité – difficile de ne pas être absolu, pour le coup – et d'une absence de pertinence absolument hallucinantes : Danny Boyle est bel et bien l'un des pires stylistes de l'histoire du cinéma. Surtout qu'à l'exception d'une entrée en matière bien trempée, où tout ce déballage de rythme frénétique sert en fait la mise en place, à la Godfrey Reggio, d'un monde d'excès, cette même logique de représentation à fond la caisse finit par recouvrir l'ensemble du métrage, c'est-à-dire les fameuses 127 heures passées par un pauvre gars coincé par un rocher au fond d'un canyon de l'Utah. Et là, sans vouloir Straub ou Warhol, on se dit que jamais une seconde l'idée n'a traversé l'esprit malade des concepteurs de ce film, de vouloir jouer un tant soit peu sur la durée de ces journées d'angoisse interminable. Comme dans Buried, il faut dans 127 Hours que tout cela soit divertissant, qu'on retrouve sur un régime bien dosé du suspense, de l'action, de la peur, de la fatigue, et même du rire, sans oublier le gore. Et c'est là où se trouve, au plan esthétique, le plus grand échec de ce film. Maintenant, avouons-le, vis-à-vis d'un Buried, justement, il y a là beaucoup de choses agréables : la maîtrise du divertissement narratif, ce qui n'est pas essentiel, mais toujours bon à prendre. Ici nulle péripétie grotesque façon Buried (l'attaque du serpent, dans ce petit flick opportuniste, restera comme l'une des pires idées scénaristiques de l'année cinématographique), probablement parce que ce film est inspiré d'une histoire vraie (comme dans Fair Game, le vrai mec surgit à la toute fin du métrage). Surtout, il y a le formidable James Franco, repéré depuis quelques années déjà mais enfin servi par un grand premier rôle, et qui porte l'essentiel de l'intérêt du film : attachant dans l'émotion comme la roublardise (quelle belle gueule de frimeur!), crédible dans l'action (quels pectoraux!) comme dans l'humour (la meilleure séquence du film est probablement celle où il se dédouble, mimant sa propre intervier dans une humiliante émission TV). Dernière chose : n'allez pas voir le film si vous avez de la peine avec l'idée de vous découper vous-même les nerfs de votre avant-bras. Je dis ça comme ça. |
Vu que la simple lecture d'un long article sur cette mésaventure paru alors dans le monde ou le courier international m'avais déjà bien mis mal à l'aise, il est certain que je ferai l'impasse sur ce film! |