En sortant, on se dit que ce film a été prévu comme un showcase un peu brouillon des qualités iconiques de Lea Seydoux (avec ou sans maquillage, boudeuse ou délurée, coincée ou sensuelle, “j'ai en fait 25 ans mais je suis très crédible en teenager" - que le buzz est étouffant autour du petit monstre qui apparaît chez Ridley Scott, Quentin Tarantino, Woody Allen mais aussi Louis Garrel, Christophe Honoré, Raoul Ruiz, Amos Gitai…, qui tourne actuellement Mission Impossible 4 avant d'aborder le prochain Benoît Jacquot - j'ai des anecdotes marrantes, vu qu'elle va signer avec Ursula M. pour son prochain film tourné en Valais et qu'elle vient de faire les castings). On se dit que cette énième évocation de la post-adolescence eighties (simultanément à Let me In ou Simon Werner a disparu), avec vinyls et mobilette (pour nous : boguet), recèle certes de belles idées visuelles dans des décors “populaires” qui renouvellent un peu le fond social français d'il y a quelques années (à côté des séquences d'appartement et de fêtes, la fille est fascinée par les motards de Rungis, déjeune avec eux dans des cafés de prolo, se rend dans une usine de produits de pêche…) mais aligne trop ces mêmes idées (avec des propos sur la famille, sur la mort qui virent presque au fantastique, dans un incongru alignement des registres) sans vraiment choisir (c'est un premier film). Et puis, un ou deux jours après, les images vous poursuivent (travelling en bicyclette, voyeurisme depuis la cabine d'un grand magazin, nombreuses références musicales…) |
La filmo de cette fille est assez hallucinante quand même. Ce n'est pas un scandale car elle est plutôt bien pour ce que j'en ai vu, mais j'ai de la peine à croire qu'être une Seydoux Fornier de Clausonne avec un grand-père à la tête de Pathé et un grand-oncle à la tête de Gaumont ça n'aide pas dans les castings (ou plutôt pour ne pas passer par cette case). Qui l'en blâmerait? Certainement pas moi. Bien envie de voir La belle personne de Honoré du coup... |
C'est justement la raison pour laquelle elle insiste, presque maladivement, à “se mettre en danger” et enquiller les plus ou moins petits films d'auteurs français (elle a aussi tourné, depuis deux ans, avec Breillat, Klotz, Sébastien Lifshitz – d'après Ursula, elle a tout fait pour avoir le rôle et s'est montrée hyper pro, modeste, curieuse et investie dans les castings - effectivement elle n'en avait pas fait pour MI4) : elle est poursuivie par cette image de fille pourrie-gâtée née avec une cuillère d'argent dans la bouche, comme on dit je crois, et cherche par tous les moyens à convaincre de son talent “autonome”. |
Je ne doute pas que sa situation a les défauts (nombreux) de ses avantages (pas moins rares - le premier étant peut-être justement qu'elle arrive avec une histoire, quelque chose qui attise la curiosité), comme je ne doute pas que beaucoup d'actrices aimeraient bien avoir les même problèmes. Ce qui est aussi certain c'est qu'on ne peut pas avoir la filmo qu'elle a en étant une pive pistonnée imbuvable, donc je ne suis pas surpris d'entendre que c'est agréable de travailler avec elle. |