Un très beau film sur la solitude matérielle de la personne humaine, intelligemment construit à partir d'un mouvement contradictoire entre une structure programmatique réglée sur les différentes étapes de la relation amoureuse (rencontre, séduction, flirt, sexualité, échange post-coïtal, rupture, etc.) et incapacité avérée, désignée sur un mode répétitif, de ces personnages à la superficialité attachante à actualiser ce programme, à rentrer réellement en contact les uns avec les autres ou même à apprendre de leurs erreurs. Comme dans "j'ai tué ma mère", il y a beaucoup de choix un peu faciles (notamment ces interventions frontales et certains choix musicaux), mais difficile de soutenir qu'ils ne servent pas in fine le propos développé par le film. Et puis les acteurs sont assez impressionnants de maîtrise. Et ce type à 21 ans, 21 ans... |
Ne serait-ce que pour le montage de la scène de la disco stroboscopique (statues grecques/bellâtre)… Ce jeune type est merveilleux, il apporte beaucoup au cinéma contemporain. |
Il y a à boire et à manger, mais globalement c'est quand même assez la classe. Monia Chokri est vraiment très étonnante à tous les niveaux. Plastiquement, dans un plan elle ressemble à Anna Mouglalis, dans le suivant à Virginie Lemoine. Dans l'interprétation, servie par des dialogues succulents, elle nous régale par l'affectation de son phrasé dès sa première réplique d’anthologie: "Qui est ce bellâtre particulièrement à l'aise?" Inversement, le point le plus faible du film est peut-être Dolan lui-même, mais, à la fois, le fait qu'il soit un peu léger sert le personnage. |