Film: Des Hommes et des Dieux

Frederico () a dit:
Quel sagouin ce Jean-Luc! 4 étoiles et pas de commentaire!


Frederico () a dit:
Apparemment, voir ce film implique un voeu de silence!


Charles-Antoine () a dit:
Bonne blague, Fred! J'ai simplement vraiment peu de temps...

Pour le dire vite donc, je suis sorti du film avec un sentiment assez mitigé. J'ai apprécié sa lenteur, ses cadrages, ses interprètes (Michael Lonsdale!), son rythme scandé par ses passages de messe. Et puis je suis plutôt sensible au discours œcuménique et à la dimension initiatique du film, une certaine idée de liberté liée à l'apprentissage de la mort qui prolonge intelligemment les réflexions de Beauvois dans N'oublie pas que tu vas mourir.

Mais je dois avouer que le côté, au fond, "bande de mecs" qui consent au sacrifice sans aucun autre motif qu'une forme de déterminisme théiste et de la solidarité masculine m'a particulièrement irrité. Sans parler de la sous-exploitation du contexte politique qui renvoie bien au soi-disant désintéressement de ces individualités regroupées. Et puis, j'ai eu l'impression d'un film à la fois sobre et pompeux, un peu à l'image de la scène où le personnage de Michael Lonsdale passe le Lac des Cygnes de Tchaïkovski. C'est un moment évidemment assez poignant et pourtant construit d'une façon tellement attendue, tellement déjà dans une forme d'auto-citation. Sans parler du fait que sa grandiloquence contribue en partie à occulter les motifs qu'on pourrait associer à leur décision.

Je suis donc sans doute un peu sévère, mais cela confirme pour moi que ces consensus cannois ne sont jamais un très bon signe.


Frederico () a dit:
J'ai voulu voir ce film un dimanche après-midi plusieurs semaines après la sortie... et c'était complet (je ne me souviens pas de la dernière fois que ça m'est arrivé, mais c'est vrai que je ne vais jamais au cinéma les soirs de fin de semaine). En voyant la moyenne d'âge des spectateurs refoulés, j'imagine que je n'aurais pas eu le même problème dans la séance de 20h50...


Frederico () a dit:
Le film est plusieurs fois sur le fil entre le fort et le lourd (le repas, l'hélicoptère), mais il me semble que le tout penche plutôt du côté du fort. Outre son rapport au temps, aux corps, la qualité de ses interprètes, la force de ses thèmes, c'est la nuance et la complexité du dessin de la situation qui m'ont surpris (la bande annonce ne les laissait guère prévoir).

Je rogne une étoile quand même car il y a des zones d'ombre qui méritaient certainement d'être éclairées: En premier chef, la raison de l’existence même du monastère en ce lieu (les trappistes semblent faire plus de miel que de prosélytisme), mais aussi la cohabitation de la barbarie et d'une certaine culture religieuse chez le leader des terroristes.