Un film réellement prenant, à cheval entre ces deux genres déjà cousins que sont le western et le film de gangster. Affleck se démarque clairement du tout venant en lorgnant, d'une part, vers "The Wire", avec un regard attentif sur la vie dans la banlieue de Boston (un peu comme dans le récent "Brooklyn's finest") et, d'autre part, vers "De battre mon coeur s'est arrêté", en substituant (trop tardivement?) la figure de la mère à celle du père (les pères et les frères, en fait), comme idéal directeur. Mentions spéciales pour Jon Hamm, mais surtout Rebecca Hall, qui, décidément, n'a même pas besoin de jouer pour exister à l'écran. |
2 et demi peut-être. Film assez classique dans la matière qu'il travaille (rédemption d'un voleur qui soudain se dit qu'il doit sortir de son milieu s'il veut continuer à vivre), avec une dimension tragique assumée, et assez finement retournée au final (la rédemption n'est pas totale, il laisse la fille en arrière et finit seul). Quelques idées de mise en forme assez intéressante dans le premier tiers (fragmentation, superposition image/son différent)... ensuite, c'est un peu moins convaincant. Idem avec l'hybridation générique, assez bien menée au début entre film de gangsters (ou de mafia, car c'est de cela qu'il s'agit) et chronique sociale (plutôt que western), puis plus tellement tissée (le film de gangsters prend nettement le dessus). En bref, plutôt pas mal, sans être ébouriffant. |
Je trouve le film bien rhythmé, haletant, solide et avec de très belles interprétations (Jeremy Renner une fois de plus!). Au final c'est vrai qu'il reste quelques frustrations car on sent que ça aurait pu être encore un poil mieux. On aurait voulu voir le personnage principal hésiter entre les deux femmes, on aurait voulu plus voir la vie du quartier, en l'état, on nous parle sans cesse d'une communauté qu'on ne voit pas vraiment, la seule véritable séquence de réunion communautaire étant fugace et prise du point de vue du FBI. La fin SPOILER ATTACK pose aussi un peu problème pour les deux personnages féminins. On ne comprend pas très bien pourquoi un personnage présenté comme instable et junkie sait le où et le quand d'un casse. On ne comprend pas non plus pourquoi McCray donne de l'argent à la banquière vu que ça l'implique criminellement et donc la met en danger. Au final, je pense que ça restera comme un classique du Heist Movie. Heat c'était il y a 15 ans déjà. Les Oceans c'est sur un mode très différent, idem pour Inside Man... |
Que voulez-vous, ça m'a incroyablement touché. Affleck est un acteur et envisage sa petite fresque à partir des quelques corps qu'il a à sa disposition. Tout gravite autour de lui-même, repoussant les limites de l'underplay au niveau de l'expressivité zéro, apparente platitude il est vrai, mais véritable centre d'une formidable dynamique gestuelle (et partant, sociologique et genrée) entre la nervosité extrême du scumbag traumatique Renner et la présence quasi-divine (et je pèse mes mots, rarement la beauté pure n'aura illuminé à ce point un écran de cinéma, je dirais au moins depuis les débuts de Meryl Streep et avant, ceux de Katherine Hepburn) de la bourgeoise brit Rebecca Hall. Il y a beaucoup de grâce dans ce film. Mon Dieu, la séquence, nodale, au parc, avec ce surgissement de Renner dans le cadre. J'en ai encore des frissons. |