Cut&paste de ma critique du FIFF: Quand Panahi gagne à Berlin on se dit que c'est un prix de solidarité à cause de sa situation, mais le film est véritablement bon. Si les bases font penser à Ten de Kiarostami, le ton (très largement comique) et le dispositif (les caméras sont diégétiques et des astuces scénaristiques les démultiplient) démarque très clairement ce meta-film du document limite de son aîné. Mériterait peut-être 4 étoiles. (boosté à 4 pour motiver les gens) |
J'ai aimé aussi beaucoup. Certes, le dispositif et certaines apparitions (l'avocate) rappellent le contexte qui apparaissait déjà dans le précédent non-film du cinéaste interdit de tournage (je n'ai vu que celui qui se déroule presque intégralement dans son appartement). Là on a une vraie comédie avec des dialogues très dynamiques (toujours ce truc, peut-être proche-oriental, autour de la négociation, de la supplique, des excuses, etc.) J'ai adoré le vendeur de DVD pirates. A part ça, j'ai repensé non sans nostalgie à ses films les plus géniaux, Sang et Or, Offside (déjà une longue circulation continue dans Téhéran…) Merveilleux souvenirs. |
A propos des négociations, c'est une question que je me suis souvent posé vis-à-vis du cinéma iranien: il y a des séquences hallucinantes de dialogue de sourds (je pense à 'Au travers des oliviers' où une paysanne figurante veut mettre ses habits du dimanche alors qu'on a besoin d'elle en habit de travail) et de pur faux-cul-isme (le marchand dans 'Le ballon blanc' qui dit "oui oui j'aide la petite fille", puis qui ne fait rien pendant des plombes, puis dit "non non en fait je ne peux pas t'aider, c'est pas ma cave") et je n'arrivait pas à savoir si ça correspondait à un mode discursif normal en Iran où si les scènes étaient simplement atrocement mal écrites. Le temps passant, le corpus de films iraniens vu s'étoffant, le mystère demeure quand même un peu sur cette question. J'ai l'impression que la vérité est peut-être entre les deux, mais plutôt du côté de la mauvaise écriture, car il y a souvent des choses un peu étranges, mais quand même un paquet de film avec des discussions argumentées, construites et productives. |
J'ai trouvé au contraire le film assez poussif et peu productif dans son dispositif, surtout quand on pense au merveilleux Off Side qui jouait mille fois mieux sur cette ambiguïté entre fiction et documentaire. Malgré quelques bons moments comiques, là je sens un cinéaste vraiment limité dans son expression et son inspiration. Sur la question des négociations, je vois cela comme un aspect constitutif de la culture perse, ce qui semble confirmée par les articles que l'on trouve en ligne: https://www.cna.org/news/events/2006-04-19 http://en.wikipedia.org/wiki/Taarof et loin d'une quelconque faiblesse d'écriture, je trouve que c'est l'un des aspects les plus passionnants du cinéma iranien ! |