Certains se souviennent peut-être que mon film N°1 de 2007 était Summer Palace de Lou Ye. Le voici de retour, caméra digitale au poing (contournement de son interdiction de filmer oblige), pour un chassé-croisé amoureux qui pourrait être haut en couleurs dans d'autres mains (l'homo occasionnellement travestit, son copain marié, la femme de ce dernier, le détective bi-curious qu'elle engage, la copine de celui-ci, le patron de cette dernière). Chez Lou Ye, cela donne quelque chose de grave et douloureux où les rares moments de joie sont nappés de musique mélancolique, comme si on savait déjà qu'ils ne pourront pas durer. Cela donne quelque chose d'organique, de taiseux, un objet granuleux et près des corps. Si le film dans sa deuxième moitié offre des moments de pure cinéma d'une puissance inouïe (au point que j'hésite à mettre 4 étoiles sur leurs seuls mérites) et que du début à la fin les plans d'une grand beauté plastique et/ou cinétique s'enchaînent, il faut reconnaître que la narration manque d'une certaine rigueur (opacité absolue de ce qui motive les actions de certains personnages) et qu'on est loin du souffle et de la puissance de Summer Palace (qui était aidé il est vrai par un récit sur 20 ans et une actrice principale incandescente). |