A part le fait de réussir là où échouait Golden Compass (une héroïne guerrière qui prend son destin en main - mais je suis sûr que Burton aurait préféré un Alicien pour combler la relation au père mort), ce film n'est visiblement pas prévu pour être supportable par les adultes. SFX très approximatifs et 3D réellement insignifiante (pas un truc marrant, rien! vraiment inutile), deux aspects qui m'ont fait relativiser la médiocrité d'Avatar sur ce plan strictement technique. Le fait de revoir récemment l'Alice en stop-motion de Svankmajer, troublant chef-d'œuvre, n'a évidemment pas joué en faveur de cette soupe sans fond dénuée de magie, formatée jusqu'à l'écœurement pour les goûts des 10-15 ans (il faut de l'héroic-fantasy et des batailles rangées, alors allons-y!) Je mets un tout petit bof pour le chat (bonne voix, singulière évanescence) qui sauve (en fait non, pas vraiment) le film du désastre complet. |
Moins sévère que Laurent, mais peut-être parce que je m'attendais à une catastrophe, et que j'ai donc été "déçu en bien". L'aspect plastique, en effet, laisse parfois à désirer, ce qui est un comble venant d'un "si grand" cinéaste (quoique... je ne vous ai jamais caché mon sentiment à l'égard des soi-disantes qualités visuelles de Burton). Mais je trouve que le film est plus mature que ce que laisse entendre Laurent. Oh, une maturité très stéréotypée et qui n'a pas beaucoup de fond, oui... néanmoins, la trajectoire de l'héroïne qui choisit en fin de compte de retourner dans la réalité pour prendre les roubignoles de son destin en main, et en un sens finir le travail qu'elle a accompli en terrassant le Jabberwocky, cette trajectoire donc tient la route. J'ai aussi apprécié l'idée que c'est le second voyage d'Alice dans le Underland – motif lui aussi convenu, certes, mais qui permet tout de même de faire de cette énième adaptation autre chose qu'un simple "remake numérique". Il faut également laisser à Burton un élément assez important (qui ne fait pas toute la qualité d'une œuvre, mais qui y participe un petit peu): son point de vue tout à fait pertinent sur le monde du conte (quel qu'il soit), qui saisit complètement les deux facettes de sa "folie", c'est-à-dire le farfelu et le terrifiant, la fantaisie et la violence, la générosité et la cruauté. Transformer le Wonderland en Underland est quand même une très bonne idée (même s'il aurait pu aller nettement plus loin). Enfin, autre suggestion intéressante du film dès sa mise en place, celui d'établir des correspondances – pas toujours très claires, il est vrai – entre les membres de l'entourage "réel" d'Alice et les habitants de l'Underland. A ce jeu-là, on se prend par exemple à penser que la Reine Rouge pourrait être non seulement la Grande Méchante du récit, mais aussi, pourquoi pas, un des visages d'Alice, qui remet en cause l'ordre des traditions établies que suit et qu'incarne la Reine Blanche, son aînée (ce qu'Alice s'apprête à faire à son tour). De façon nettement plus évidente, le Chapelier Fou permet à Alice de "retrouver" son père disparu, et de suturer la plaie causée par sa mort en ayant l'occasion, notamment, de lui rendre (par personne interposée) l'estime et la confiance qu'elle a reçues de lui. Le Chat de Chester est l'ex-futur-beau-père, dont on ne sait pas toujours à quel jeu il joue, qui convoite le chapeau du chapelier, mais qui lui permet tout de même d'échapper à la mort (en perpétuant l'entreprise qu'il a commencée), etc. etc. etc. Cela donne un peu d'épaisseur au film, bien que cela reste au niveau de la suggestion et de l'approximatif (et non pas d'un vrai travail de structuration sémiotique et sémantique du matériau poétique). (Qu'est-ce qu'elle est con, cette dernière parenthèse. Tant pis, je la laisse.) |
Admets tout de même qu'à l'exception du chat, en effet zone grise, seule vague tension vers un infime début de complexité, tous ces axes et correspondances narratives, symboliques et autres ne sont que du fond de commerce, très cher, de vieilles recettes éculées qu'une Comtesse de Ségur aurait déjà reniées en son temps… Ce qui m'a surtout effaré, c'est que ce film était avant tout destiné aux enfants, donnée que la promo du film avait soigneusement évité de préciser. Remarquez, Alice au Pays des Merveilles par Disney, on pouvait tout de même se méfier. Je me suis constamment surpris à me demander ce que je faisais là, assis dans cette salle, en tant qu'adulte. C'est personnel : je n'ai pas l'habitude de voir ce type de films, puisque, depuis le premier Toy Story, je n'ai jamais vu un seul dessin animé de Pixar, Disney et autres… Défaut de ma culture cinéphilique que je ne parviens malheureusement pas à combler, et qui explique mon indisposition de fait devant tout ce déballage de niaiserie… que je n'arrive pas à combler par l'activation d'une analyse sémiotique, esthétique, narrative ou autre salutaire mise à distance analytique… Je ne veux pas faire mon sale snob, mais, dans le genre conte fantastique, Thirst et ses vampires complètement barrés, s'avèrent ô combien plus satisfaisants pour les plus de 14 ans…(je dirais même plus: puisqu'on est pas loin du chef d'œuvre), y compris sur l'écran pourri du Zinéma! |
Je n'en disconviens pas du tout, cher Laurent. Comme je le dis, tout cela est très stéréotypé. J'aurai préféré la version d'Alice revue par Alan Moore dans "Filles perdues". Mais je crois tout de même qu'il y a un poil plus de complexité dans ce film qu'on ne peut le penser. Et si celui-ci est destiné aux bambins, il l'est de la même façon que le sont les contes de fées en général, et ceux de Perrault ou de Grimm en particulier, c'est-à-dire qu'ils sont à la fois enchanteurs (à différents degrés de subtilité ou de niaiserie) et réflexifs (en proportion du premier critère). Sur ce point, je pense que la plupart des personnages mis en scène par Burton sont, comme le Chat de Chester, ambivalents; la Reine Blanche, ainsi, a l'air d'une sacrée peste, mine de rien; le Chapelier fou est vraiment barré; le loir est moins dormeur qu'il n'y paraît, et ainsi de suite. (Chez la comtesse de Ségur, les figures sont nettement plus typées... à relire "Le Général Dourakine", hormis peut-être le personnage éponyme, les gentils y sont bien gentils, et les méchants – en particulier des marâtres de tout poil – bien méchants.) Maintenant, comme je le disais déjà, tout cela n'est pas grandement travaillé... c'est juste un os à ronger pour ceux qui ont encore faim après la vision du bidule. |
On vient de me faire une analyse merveilleuse de ce film comme éloge du lesbianisme (notamment via la découverte libératrice du monde «saphique» de la reine blanche)… ça marche encore assez bien. |
J'aime assez les dix premières minutes où Wonderland apparaît comme échappatoire aux conventions victoriennes, puis ... plus rien, 1h30 indigeste et infantile. |
Autant je trouve le film laid (à l'exception peut-être du costum design d'Alice), les interprétations de Glover, Depp et Bonham-Carter à la limite du supportable et toutes les casseroles waltdisniennes bien lourdingues, autant je suis à deux doigts de mettre trois étoiles pour le seul scénario (aidé quand même un peu par la musique d'Elfman et une Mia Wasikowska dont pourtant le plus grande qualité est peut-être de me faire penser à Brie Larson). Ce n'est pas du Walser ou du Tournier, mais cette réécriture du conte à coups de parallèles et d’allégories ne manque pas de sel et sa conclusion est quand même bluffante. Le soucis peut-être c'est de choisir Alice pour cet exercice vu que le conte original et sa suite ont été au fil du temps et des nombreuses adaptations transformés en une matière totalement floue. Pour faire plus court j'aurais pu dire: "D'accord avec Vincent!" |
Oh, Alice, dear where have you been? So near, so far, so in-between What have you heard? What have you seen? Alice! Alice! Please, Alice! Oh, tell us, are you big or small? To try this one or try them all It's such a long, long way to fall Alice! Alice! Oh, Alice! How can you know this way not that? You choose the door, you choose the path Perhaps you should be coming back Another day, another day And nothing is quite what is seems You're dreaming! Are you dreaming? Oh, Alice! Oh, how will you find your way? Oh, how will you find your way? No time for tears today. No time for tears today. No time for tears today. No time for tears today. So many doors, how did you choose? So much to gain, so much to lose So many things got in your way No time today, no time today Be careful not to lose your head Remember what the Dormouse said, Alice! Did someone pull you by the hand? How many miles to Wonderland? Please tell us so we'll understand Alice! Alice! Oh, Alice! Oh, how will you find you way? Oh, how will you find you way? |