Film: FIFF 2015

Frederico (pas vu) a dit:
L'édition 2015 du Festival International du Film de Fribourg était globalement de bonne tenue. Presque pas de nanar', mais malheureusement pas non plus de découvertes ultimes. On retiendra aussi une sélection sensée être du genre érotique sans le moindre film érotique dedans... le NIFF doit faire un deuxième volet sur ce thème, donc on verra ce qu'ils proposeront.

(25 vus, 3 sortis)



A Girl at My Door
Une femme flic gradée est mutée en campagne où elle prend sous son aile une fille battue. La qualité sud-coréenne en action avec un film qui joue sur ses deux actrices (Doona Bae et la future super star Sae-Ron Kim - déjà vue dans A Brand New Life et The Man From Nowhere) et la démultiplication des zones d’ambiguïté et des rapports conflictuels.

Celestial Wives of the Meadow Mari
Film russe à la structure très étrange qui m'a fait penser aux manga de Daisuke Igarashi (Hanashippanashi, Sorcières). Le film est composé d'une vingtaine de vignettes de durée et d'ampleur narrative très variables, mais tous centré sur des personnages féminins du peuple Mari de tout âge et de tout format et ayant pour thème magie, sexualité et rituels dans des proportions diverses. Cette étrange mosaïque et pleine d'un charme ludique et mystérieux.

Corn Island (Prix du public)
Film géorgien sur un grand père et sa petite fille qui, selon une tradition semble-il bien réel, vont s’installer sur une île temporaire au milieu d'une rivière pour y cultiver du maïs sur ces fertiles alluvions (pas un mot fréquent dans les critiques cinématographiques!). C'est un peu l'île nue + Printemps, Été, Automne, Hiver... et Printemps + un comming of age movie. On peut chipoter sur la résolution qui semble un peu artificiel ainsi que le fait que toute la réalité extérieure est occultée, mais ça tient bien la distance avec peu de choses.

Filmistan
Je pousse à trois pour le feel good movie du festival: un wannabe acteur indien se fait kidnapper par erreur par des intégristes pakistanais, et le voilà séquestré dans un village rural du Pakistan où sa bonhommie et son amitié avec un cinéphile vendeur de DVD pirates va faire des merveilles. Il y a entre autre une séquence aussi hilarante que salutairement iconoclaste, où le kidnappé devient le réalisateur pointilleux de sa propre vidéo de demande de rançon!

Sand Dollars
Géraldine Chaplin en vielle dame amoureuse d'une jeune dominicaine tout en étant à moitié dupe des manipulations de cette dernière. Je n'avais pas vu le film relativement récent sur un thème similaire, mais en tout cas ici, sans être du Claire Denis, c'est assez élégant et émouvant.

Taxi
Quand Panahi gagne à Berlin on se dit que c'est un prix de solidarité à cause de sa situation, mais le film est véritablement bon. Si les bases font penser à Ten de Kiarostami, le ton (très largement comique) et le dispositif (les caméras sont diégétiques et des astuces scénaristiques les démultiplient) démarque très clairement ce meta-film du document limite de son aîné. Mériterait peut-être 4 étoiles.




Father and Sons
Un Wang Bing dans la continuation de sa période super arteuse où il n'y a plus de structure. Seulement un document brut (ici deux fils et trois chiens qui attendent le père de famille dans une remise-appartement en regardant la télé, tapotant sur leurs téléphones portables et grignotant des sucreries). Sur les 90 minutes il y a un plan fixe qui doit en durer 60 durant lequel le soleil se couche, changeant la lumière dans la pièce.

On est dans la continuation de la forme limite de Crude Oil, mais ici ça ne dure que 90 minutes car Bing s'est fait viré par le boss du père (qui habite avec ses fils dans une remise sur le site du chantier). Est-ce 4 étoiles? Est-ce beurk? Je coupe la poire en deux.

In Search of the Ultra-Sex
Deux trublions de l'école Canal Plus ont monté des extraits de films porno et ont refait le doublage pour créer une narration loufoque au possible. C'est une grosse poilade qui marche autant sur les nouveaux dialogues que sur l'étrangeté des extraits choisis, mais voilà.

Longing for the Rain
Cette histoire chinoise d'une femme au foyer qui fait des rêves érotiques a une très bonne première moitié, puis cela prend un tour mystique pas très intéressant et un peu glauque en terme de discours et le film pousse ses personnages sous le train pour créer du drama.

Playboy Bong
Un faux faux making-off d'un film d'horreur érotique. "Faux faux" car ça débute sur le mode du faux making-off, mais rapidement des plans injustifiables surgissent qui, meler aux images du film sensé être fait donne un produit très hétérogène. Cela dit, on rigole quand même pas mal aux mésaventure de se tournage où un réalisateur de cinéma érotique est parachuté pour rendre sexy un film d'horreur déjà bouclé, au grand dam du réalisateur et des actrices. On notera que tout le monde joue avec son vrai nom et qu'on imagine que des éléments biographiques réels sont ajouter (notamment une scène poignante d'une actrice/chanteuse qui explique que ça carrière n'a pas pu décoller car elle traîne le bagage d'un film où elle joue topless). Il y a d'ailleur une certaine gène qui s'installe entre les péripéties comique et les véritables actrices qui sont pas mal exposées dans certaines scènes.

Scarlet Innocence
Le film détoure une fable coréenne populaire sur l'amour filial (une fille se jette à la mer pour que les dieux rendent la vue à son père) pour la transformer en une revenge story. L'idée est pas mal et l'actrice principale (Esom aka Som Lee), qui passe de campagnarde naïve à femme fatale, est impressionnante de registre, mais les péripéties sont trop maladroites et outrancières pour convaincre.

The Owners
Film kazakh dont l'humour absurde pince-sans-rire n'a presque jamais fonctionné sur moi, mais qui est tout de même assez hallucinant et presque Kitanesque (particulièrement dans son rapport distancié à la violence). Seule forme possible pour dénoncer la corruption endémique du pays sans finir dans un trou quelque part?

The Valley (Prix du Jury FIPRESCI - ?)
Ce film libanais est complaisamment arteux, mais dans cette histoire d'accidenté amnésique qui se retrouve hébergé par une petite communauté de fabricant de drogue regorge de scènes assez barge aux milieux des attaques de paupières. Il y a entre autre des considération sur la religion et la multiculturalité du pays qui est assez marrante et tout un final où la guerre se déclare qui est très puissant dans son abstraction. Très belles actrices également (des maronites certainement si il faut croire le film!).




Flapping in the Middle of Nowhere (Mention spéciale du Jury, prix du Jury œcuménique, prix du Jury des jeunes)
Film vietnamien sur une étudiante qui hésite entre avorter ou conserver son enfant qu'elle a eu avec un gars fauché et irresponsable (qui fini par être mis en opposition avec un mec plein de tune mais dont la part fantasmée est dure à cerner). Pas horrible, mais ça tourne quand même trop en rond.

González (Regard d'Or)
Film mexicain sur un loser fauché aux dents longues qui décide de monter les échelons dans la secte pompe à fric chrétienne pour laquelle il travail comme opérateur téléphonique. Sur le thème, on pense un peu à Nightcrawler, mais comme Nightcrawler le film souffre de n'avoir que des personnages antipathiques et en plus ici on vire dans la surenchère.

Don't Go Breaking My Heart 2
Johnnie To! Comédie romantique! Dans le mélange 3 hommes 2 femmes, le jeu du qui connaît qui et qui prend qui pour qui et assez complexe plus que virtuose, d'autant plus quand on a pas vu le premier épisode. Il y a pas mal d'idées marrantes, mais il semble que les meilleures soient des reprises en moins bien de choses présentes dans le premier opus (particulièrement des quiproquos liés à la communication visuelle entre deux immeubles vitrés qui se font face). Le film donne également l'impression que l'actrice principale (Gao Yuanyuan) pourrait être très à l'aise dans les scène de comédie, mais le scripte ne lui en donne pas tellement l'occasion, ce qui est frustrant.

Life May Be (Prix du Jury FICC - ?)
Correspondance filmée entre Mark Cousins et la réalisatrice Mania Akbari. Le format est assez marrant, la première vidéo de Cousins avec la brume qui monte puis redescend sur un lac irlandais est assez barge, et par-ci par-là il y a des réflexions assez intéressantes, mais c'est quand même 80% de bla-bla oiseux et de semi drague un peu lourdingue (qui aurait peut-être dû rester dans la sphère privée).

Local God
Film d'horreur Uruguayen qui n'exploite pas sa meilleur idée: une trio musical sur le point de se séparer vont enregistrer dans une mine abandonnée trois chansons, chacun écrite par un des mebre du groupe autour d'un problème qui le ronge. Problèmes qui resurgiont grâce à l'univers mental que génère la mine maudite. Et non: on n'aura pas droit aux chansons! Jeu quand même assez marrant sur le dispositif de filmage et sur la simultanéité du parcours de chaque personnage présenté en trois chapitres distincts.

The Immortal Sergeant
Un sergent réserviste de l'armée Syrienne, normalement réalisateur pour la télé, filme dans cet étrange documentaire le tournage d'un film de fiction dans Damas. C'est assez déstabilisant et étonnant (les prises doivent être refaites régulièrement à cause du passage d'avions de chasses ou du bruit de fusillades!). Malheureusement le réalisateur est hyper antipathique et tente de tirer les vers du nez à une équipe qui n'a pas tellement envie de parler de situation actuelle en face d'une caméra.

The Smell of Us
Voir liste générale.

This May Be The Last Time
Documentaire sur l'origine et la pérennité menacée des chants de la communauté des indiens séminoles avec comme point de départ l'histoire de la mort par noyade du grand père du réalisateur et la longue recherche du corps par les gens de la tribu. Pas inintéressant, le filme soufre tout de même de ne traiter que fugacement la question qui me semble centrale: comment se fait-il que les séminoles, comme ces chants, soient dans leur grande majorité chrétiens?




A Girl Walks Home Alone At Night
Film de clôture et de loin le plus mauvais du festival. Le pire de Jarmush en version film de vampire super cheap. Bof car je suis gentil...

And They Call It Summer
Film italien où un couple souffre et se romp car le mari, amoureux fou de sa femme ne parvient pas à lui faire l'amour et la trompe a tour de bras, et la femme se sent délaissée. Structure alambiquée pour brouillé les pistes. Ennui constant.

Ata (Prix spécial du Jury)
Film chinois réalisé par un moine bouddhiste. Le seul intéret du film est qu'il est écrit et réalisé par quelqu’un qui n'a pas de culture cinématographique, donc on est presque dans le domaine de l'art brute. Le problème ce que le film (une histoire de pongiste aveugle qui disparaît) en devient totalement incompréhensible.

Children's Show
Des enfants philipins font des combats illégaux... naze.