Une agréable surprise, un film qui prend au sérieux ce qu'il raconte sans un seul gag à la con, c'est méritoire. Le film est en plus plutôt réussi plastiquement. |
Quel beau film, avec un sens de l'action punchy (façon la Hammer comme vous la rêviez, c'est-à-dire avec du fric et du vrai gore), du cadre romantico-gothique informé et intelligent, un scénario puissant, qui combine sans en avoir l'air une vraie narration à suspense avec de nombreux sous-textes passionnants (Darwin, Freud…), des effets spéciaux enfin à la hauteur. Il faut dire que l'équipe technique est de tout premier plan: Joe Johnston, Walter Murch, Rick Baker, Danny Elfman, etc. Bref, tout en ne prenant pas de grands airs et en se la pétant super classique (tradition Universal Horror oblige), c'est la toute grande classe qui relègue aux chiottes toute la prod marionnettes, 3D et Cie pour gamins et débiles de ces derniers temps. POTENTIEL SPOILER!!!! A part ça, ces machins de lycanthrope, pourquoi travaillent-il autant la figure du Père, avec une vraie poursuite dans le traitement (voir Underworld, Wolverine). Nous avons un spécialiste du vampire parmi nous, et il aime aussi bien les loups-garous en principe… |
Je ne peux pas répondre à un niveau global à cette question. Mais, pour ce film-là, il est évident que c'est un des sous-textes indiqués par Laurent — Freud — qui motive particulièrement l'affrontement dans le dernier tiers entre SPOILER ALERT!!! les deux loups-garous Père et Fils. En ne canalisant pas ses désirs de sexe et de puissance, le Père — comme ce que décrit Sigmund dans "Totem et tabou" — bride les pulsions de ses fils, et notamment leur énergie érotique, en les empêchant d'accéder à la sexualité. Premièrement (selon la chronologie de l'histoire, pas celle du récit), dans un acte de violence possessive érotico-loup-garoufique, il les prive à jamais de leur mère, puis en profite pour écarter l'un de ses deux fils (le protagoniste principal) en l'enfermant à l'asile puis en l'exilant en Amérique (qui, je le rappelle, à l'époque est comparable à un trou boueux colonial). Deuxièmement, en massacrant son second fils lorsque celui-ci décide de se marier... avec une jeune femme qui ressemble à sa mère. Un autre sous-texte correspondant, avec lequel l'interdiscours freudien vient s'hybrider, c'est Jekyll & Hyde, bien sûr, les loups-garous semblant assouvir, la nuit, ce que sous forme humaine ils n'ont pas pu réaliser le jour (et notamment déchiqueter ceux qui les ont fait souffrir). Fondamentalement, j'ai trouvé le film très réussi, plastiquement, mais aussi en termes de rythme, car tous les échos culturels à des discours autres sont distillés avec finesse et parcimonie, sans palabres interminables, ce qui fait que l'action reste au centre. J'ai apprécié également la présence des gitans, qui rappelle en effet que l'émergence des mythes de monstres — et notamment les vampires — est en partie liée à des phénomènes de xénophobie. Un regret peut-être, concernant le fait que le personnage principal est comédien shakespearien, idée géniale mais qui est à mon goût sous-exploitée. |
Je monte à 3 étoiles au vu de la version longue du film, disponible en dévédé (sans doute celle que tu as vue, Vincent?), qui, par ses ajouts judicieux, comble certains des trous narratifs béants qui avaient diminué le plaisir pris lors de la première vision du film en salle. |
... oui, mais je m'en suis tenu à la "theatrical version". |
vu en director's cut très beau film comme hollywood ne sait presque plus en faire |
J'ai beaucoup de peine à partager votre enthousiasme pour ce film mécanique, clichtoneux et lourdingue. Il y a quelque rares moments élégants (plusieurs moments avec Hopkins, le montage du retour depuis Londres, Emily Blunt qui court dans les bois) qui me font mettre une étoile... P.S: J'ai vu la version longue. P.P.S: La vaste majorité des effets spéciaux est presque plus ridicule que de caster dans le rôle principal un acteur dont l'accent espagnol est à trancher au couteau. |
... à mon avis, ce fait de l'accent est précisément là pour souligner le caractère étranger du personnage, envoyé aux Etats-Unis. Ça le marque d'emblée comme une figure déplacée. |
Cela va de soit, mais il me semble qu'un accent américain avec un autre acteur un peu ténébreux aurait tout aussi bien marqué l'altérité (en contraste avec le frère qui n'a pas une once de gitan en lui) en faisant un minimum sens. Cela dit, un acteur shakespearien à succès avec un accent, fut-il même américain, c'est suspect. Peut-être aurait-il mieux fallu en faire un danseur ou un musicien (Anachronique? Moins connoté pop culture limite méprisable?). Quoi qu'il en soit je n'ai pas une proposition de casting alternatif qui me vienne spontanément. |