Le dernier Bruno Dumont aurait pu être son meilleur (ou plutôt : enfin son premier vraiment bien à 100% ). Pendant une bonne moitié du métrage, on suit intrigué, entre observation et quasi-partage de l’extase, le parcours de cette jeune fille amoureuse folle de Jésus, magnifiée par ses longues promenades bucoliques, ses écoutes religieuses de Jean-Sébastien Bach ou par l’ajout extra-diégétique de l’ultime hymne symphonique post-romantique d’André Caplet (Le Miroir de Jésus, je défie alors quiconque de ne pas fondre en larmes). En plus, Dumont est visiblement obsédé par le parler vrai (qui n’est donc ni le parler réaliste de cinéma, ni le parler stylisé façon Rohmer ou, plus couillu, Straub). Non, c’est autre chose, et le cinéaste parvient à donner à des paroles d’exaltation mystique une simplicité tout à fait étonnante. Sans parler des dialogues avec le petit arabe Yacine («ça me touche que tu sois contente» ; «c’est beau ce que tu dis», etc.) Moi, c’est l’irruption du grand frère de ce dernier, mi-imam prosélyte d’arrière-boutique, mi-émule fanatique de Ben Laden (misérable séquence au Liban, «tu l’as vue, l’humiliation dont je te parlais, maintenant») qui m’a gonflé, tant elle fait basculer le film, pour une bonne demi-heure, dans un didactisme binaire aux antipodes du monument d’épure cinématographique que l’œuvre a bien failli nous proposer intégralement |