Joon-ho Bong cherche visiblement à ravir à Tarantino le statut d’entertainer en chef du cinéma d’art et, il faut l’admettre, avec ce nouveau polar aux accents burlesques, plus proche, heureusement, de Memories of Murder que de The Host, il réussit là son coup, une fois de plus. Certes, il faut dépasser la frustration de ne pas voir le film embrayer sur un premier plan d’anthologie, absolument bouleversant – on croit alors, promotion à l’appui, qu’il s’agit là d’une œuvre dramatique située dans le sillage des grands maîtres asiatiques des nineties –, ambiance poétique d’une intensité phénoménale qu’on ne retrouvera que dans la dernière séquence du film, sur lequel défilera le générique. Mais une fois accepté cette réalité du film, on ne peut que prendre beaucoup de plaisir à suivre cette enquête policière genre «Mémé mène l’enquête», découpée avec une méticulosité toute classique et traversée de moult gestes grotesques et de coups d’éclats narratifs.
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